Coupure de l’internet mobile : Des usagers en colère

 

La connexion internet mobile était coupée au Burkina Faso depuis samedi 20 novembre autour de 22 heures. Il a fallu le 22 novembre pour que le gouvernement fasse un communiqué pour informer les populations qu’il en est le responsable. Ce, en application des articles 44 à 46 de la loi N*061-2008/AN du 28 novembre 2008. Dans ce communiqué, il a informé que cette coupure va durer 96 heures, soit quatre jours. Le mercredi 24 novembre, un autre communiqué est venu prolonger ladite mesure pour une autre durée de 96 heures. C’est finalement le dimanche 28 novembre 2021 à 20h00 que la connexion mobile a été rétablie.

Huit jours sans connexion mobile et sans être prévenu à l’avance. Entre indignations et colères des populations, les interrogations sont diverses. Les utilisateurs demandent des explications. Pourquoi couper l’internet mobile ? Les consommateurs sont-ils libres au Burkina Faso ?

Nous sommes rentrés en contact avec certains utilisateurs. Ce sont des personnes qui ne peuvent pas passer une demi-journée sans se connecter, pour plusieurs raisons : s’informer sur la situation du pays, lancer des alertes, faire des publications.

Rasmane Zinaba est usager des réseaux sociaux, activiste intervenant sur les questions de développement, de gouvernance, de veille citoyenne. Lui, qualifie cette action du gouvernement, d’une forme de détournement de l’attention, de diversion. « Diversion au niveau des acteurs qui étaient sur le chemin de la mobilisation à Kaya pour le renvoi du convoi militaire français ; aussi au niveau de la mobilisation à Ouagadougou pour continuer à opiner sur la question des militaires affamés à Inata qui ont été assassinés. De toutes ces raisons, nous pensons que c’est une grave décision qui a des répercutions et des conséquences majeures sur la vie des burkinabè », explique l’activiste. C’est une forme de musellement des acteurs qui utilisent les données mobiles pour s’exprimer. « Nous avons vécu cette coupure comme une forme de non-respect vis-à-vis du consommateur, poursuit-il, parce que nous achetons nos données pour les utiliser. Normalement en tant que consommateurs, nous devons être prévenus. D’ailleurs, des raisons éloquentes devraient être avancées pour témoigner de ce qu’il y a une nécessité de couper internet. » Pour lui, vu les justifications, le mutisme avant le communiqué, les justifications apportées qui sont d’une aberration et d’un irrespect total vis-à-vis du peuple burkinabè, cela mérite qu’on traduise en justice ceux qui ont coupé internet. « Ce gouvernement vient de poser un acte liberticide. Il y a ceux qui utilisent internet pour faire leurs business, pour travailler, et les conséquences vont être énormes. Rien ne peut justifier la séquestration de nos libertés individuelle et collective. Nous appelons tous les consommateurs à se liguer pour qu’ensemble, nous faisons entendre la voix du consommateur, du citoyen, parce que nos libertés sont chères et nous n’avons pas envie de les voir reculer. », conclut Rasmane Zinaba.

Ousmane Paré, journaliste à la télé Burkina info dans son analyse disait ceci : « c’est la qualité de la gouvernance qui va faire baisser la tension. Le mensonge et la restriction des libertés n’y peuvent rien »

« La suspension de l’internet mobile nous empêche l’accès rapide aux informations car la plupart d’entre nous, est informée via les pages Facebook des différents médias comme Faso-actu.net. En effet, elles sont plus rapides que celles de la télévision et la radio », a laissé entendre Nouredine Ouédraogo, étudiant. « Aussi, il faut reconnaître que la suspension de l’internet mobile nous a coupés de nos proches vivant à l’étranger. Sur le volet éducation, beaucoup de séminaires et de cours en ligne sont suspendus. Il y a aussi le fait qu’après les cours donnés par les professeurs, l’on ne peut plus faire des recherches complémentaires via internet. Tout cela nous impacte beaucoup », a souligné Nouredine.

Même si le gouvernement avance d’autres raisons, l’on se donne le droit de trouver d’autres. La marche du 27 novembre, le passage du convoi français. Voilà deux grandes raisons auxquelles on peut lier la coupure d’internet mobile. La preuve en est que la connexion a été rétablie quand le convoi français n’était plus en territoire burkinabè et après que la marche soit passée. Tout compte fait, les populations ne veulent plus vivre ces périodes car c’est une restriction des libertés individuelle et collective. Des gens ont vu leur activités ralentir, leur opportunités s’envoler. Alors, plus jamais de restriction de liberté au Burkina Faso.

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