Ce mardi 24 mai 2022, le comité de pilotage du forum ditanyè a animé une conférence de presse au centre de presse Norbert Zongo à Ouagadougou. Il s’est agi de procéder au lancement officiel des activités du forum ditanyè.

Depuis sa création, le Burkina Faso fait face a un perpétuel recommencement de la vie démocratique dû à des coups de d’Etat. C’est pourquoi, un cadre de concertation nommé « forum ditanyè » a été mis en place « pour voir comment mettre une fin à ce signe indien du perpétuel recommencement de la vie politique nationale », a expliqué Guy Yogo.

« En 60 ans d’indépendance, les militaires se sont régulièrement invités ou ont été invités en rédempteurs. Chaque fois, cela s’est terminé par la déception emmenant le peuple à exiger le retour à l’Etat de droit démocratique. À peine réinstallés, les politiciens à leur tour déçoivent. Le peuple de nouveau se réfugie dans les bras des militaires. Mais l’espoir ne dure que le temps de la rosée, puis le peuple déçu s’en va à nouveau se jeter dans les bras des mêmes politiciens vendeurs de rêves », a laissé entendre monsieur Yogo.

Le forum ditanyè s’est fixé les objectifs suivants : « créer les conditions d’une réflexion profonde sur la meilleure façon de doter notre pays d’institutions politiques et d’une démocratie qui règlent les problèmes des citoyens », a-t-il fait comprendre ; Réfléchir sur les institutions et la démocratie pour qu’elles s’adaptent aux Burkinabè et engager de larges concertations pour la constitution d’un front démocratique, sont entre autres les missions de ce forum.

« Il est temps d’instituer un vrai contre-pouvoir au pouvoir total des lieutenant-colonels, ALT, gouvernement et l’organe de contrôle de la transition totalement sous leur contrôle. Cela est une obligation si les Burkinabè veulent se donner les moyens de redevenir acteurs de leur propre destinée et d’éviter d’être les spectateurs d’une « transmission » dont les prémices se mettent en place. », a indiqué le comité au cours de cette conférence.

Ce forum est ouvert à tous les Burkinabè et est dirigé par une coordination de 17 membres sous la direction d’un comité de pilotage. « Ditanyè n’a pas pour ambition de conquérir et de gérer le pouvoir d’État. Son ambition c’est de contraindre à la réflexion et à l’action pour imaginer une démocratie, des institutions et des mécanismes qui nous mettent à l’abri des éternels recommencements, des éternels ballotages entre des politiques irresponsables et des militaires qui prétendent arbitrer le jeu politique mais qui ne sont pas dans leur rôle », a rappelé monsieur Yogo puis d’ajouter : « Ditanyè veut une mise en commun des intelligences pour imaginer et réaliser le meilleur pour notre pays ». Selon Newton Ahmed Barry, leur « ambition est de lancer cette initiative. Ce n’est pas un enjeu de pouvoir mais c’est un enjeu d’idées, de réflexions. Ça veut dire que le paysan a sa place dans le forum. Notre ambition, c’est d’appeler les gens à la réflexion et de mutualiser les idées et les réflexions pour que le meilleur puisse émerger ».

Des activités seront menées comme des conférences publiques, des débats, des fora (arbres à palabre), des consultations, des réflexions, des recherches qui prendront en compte toutes les couches sociales, des régions, des provinces et des communes. La première conférence publique est prévue pour le 31 mai à l’Université Joseph Ki-Zerbo sous le thème : « Regard critique sur les rendez-vous manqués de la démocratie : comment construire des institutions qui répondent aux aspirations des burkinabè ? »