La capitale Ouagadougou retrouve son activité normale après les attaques du 02 mars 2018

La circulation est redevenue normale lundi 05 mars 2018 après-midi dans la capitale burkinabè, avec la levée des barrages aux abords de l’état-major général des armées et de l’ambassade de France. Appris par Jeune Afrique, l’enquête sur les attentats se dirige vers de possibles complicités au sein de l’armée.

Le quartier de l’état-major a été bloqué pendant trois jours, à la fois par mesure de sécurité et pour les besoins de l’enquête. Selon une source gouvernementale, la police scientifique a travaillé  « 24 heures sur 24 » pour collecter des informations sur les sites des attaques.

Vendredi dernier, l’état-major et l’ambassade de France ont été la cible d’une opération sans précédent au Burkina Faso, qui a fait sept morts et 80 blessés parmi les forces de l’ordre. Des attaques revendiquées par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), qui a fait allégeance à Al-Qaïda.

Des vitres criblées de balles

Devant l’ambassade de France, le véhicule calciné des assaillants jihadistes était toujours présent lundi, tellement brûlé que le modèle de voiture n’était pas identifiable. Les vitres blindées de la guérite de sécurité, qui commande l’entrée de l’ambassade, ont été criblées de balles. Mais elles ont résisté à l’attaque.

En face de l’ambassade, devant les locaux de la radio-télévision burkinabè, un parqueur de moto et un vendeur de rues avaient repris lundi leur commerce. On ne constate pas de présence particulière des forces de l’ordre.

À l’état-major général, situé en plein centre de la capitale burkinabè, le périmètre de sécurité a été considérablement réduit. Seules les rues longeant le pâté de maison occupé par les militaires demeuraient fermées lundi. La circulation a cependant été rétablie devant l’entrée principale, sur l’avenue de la Nation. Là encore, pas de mesure de sécurité particulière.

« À 200% en insécurité »

L’Institut français, situé juste de face, était encore bouclé, avec la présence de quelques militaires burkinabè. Les commerces avaient tous rouvert lundi après-midi dans ce quartier populaire très animé, à deux pas du grand marché de « Ouaga ».

L’immeuble de la Banque Atlantique, un imposant bâtiment de quatre étages dont les vitres donnent sur l’état-major, restait cependant fermé, quasiment toutes ses vitres ayant été soufflées par l’explosion du véhicule piégé dans l’enceinte militaire. Le trottoir devant le bâtiment était couvert d’éclats de verre, que des ouvriers commençaient à déblayer.

« On se sent toujours à 200% en insécurité », a confié un marchand, Ablassé Ouédraogo, qui avait assisté à l’attaque, et qui ne se sent guère rassuré par les déclarations gouvernementales.

Des fuites dans l’armée ?

Les autorités burkinabè n’ont donné aucune information lundi sur l’enquête, à laquelle collaborent une dizaine d’experts et un procureur français. Deux hommes soupçonnés d’être impliqués dans les attentats ont été entendus par la justice. Sur l’un deux pèsent de « très forts soupçons » et on lui prête un rôle clé dans l’opération, avait révélé dimanche une source gouvernementale.

De plus, les enquêteurs soupçonnent qu’il y ait eu des complicités dans l’armée pour la préparation des attaques. « Les fuites au niveau de l’armée commencent à se confirmer, l’enquête va dans ce sens », a confié une source gouvernementale.

Le mode opératoire de l’attaque contre l’état-major laisse penser aux enquêteurs que les assaillants connaissaient les lieux, et qu’ils étaient renseignés sur la tenue d’une réunion de l’état-major burkinabè de la force antijihadiste G5 Sahel, dont la salle a été changée au dernier moment, évitant un carnage.

Qu’est-ce que le GSIM ?

Neuf assaillants ont été tués dans les deux assauts coordonnés, le GSIM disant avoir agi « en réponse à la mort de plusieurs de ses dirigeants dans un raid de l’armée française dans le nord du Mali il y a deux semaines ».

Le GSIM est une organisation jihadiste regroupant depuis un an plusieurs entités du Sahel liées à Al-Qaïda. Il est dirigé par le Touareg malien Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine.

Sur le plan diplomatique, les présidents du Niger Mahamadou Issoufou et du Togo Faure Gnassingbé ont rendu une brève visite à leur homologue burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, avec lequel ils se sont rendus sur les lieux des attaques. Les deux chefs d’état ont témoigné de leur « solidarité aux Burkinabè » et réaffirmé la solidité de l’alliance antijihadiste des pays sahéliens avec la France.

Une attaque sans précédent

Mahamadou Issoufou est président en exercice du G5 Sahel, alliance de cinq pays (Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso et Mali) qui est en train de mettre en place une force militaire régionale pour combattre les groupes jihadistes qui sévissent dans la zone.

Le Burkina Faso est depuis 2015 la cible d’attaques jihadistes, qui ont déjà frappé deux fois sa capitale en 2016 et 2017, sans jamais toutefois atteindre un tel niveau d’organisation, ainsi que le nord du pays, frontalier du Mali.

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