Mouvement d’humeur du SYNACSAB : “Rien ne va au ministère” dixit Adama Bidiga (administrateur civil)

 

Dans la matinée de ce vendredi 20 septembre 2019, le Syndicat national des administrateurs civils, des secrétaires et adjoints administratifs du Burkina (SYNACSAB) a animé une conférence de presse à Ouagadougou. Au cours de cette rencontre, le syndicat a annoncé une grève de 96 heures sur toute l’étendue du territoire national, tout en précisant les raisons. 

Du mardi 24 septembre au vendredi 27 septembre, les administrateurs civils, les secrétaires et adjoints administratifs procéderont à un arrêt de travail pour une grève de protestation. Cette grève qui n’est pas à sa première fois, fait suite à la lenteur dans la gestion des préoccupations soulevées par les différents agents à travers une plateforme revendicative déposée depuis le 26 avril 2017. Dans cette plateforme, le SYNACSAB réclame « l’adoption d’une loi portant institution du corps préfectoral, d’un plan de promotion, d’un décret portant modalités d’exercice de la fonction de secrétaire général de collectivité et la gestion de l’état civil dans les représentations diplomatiques du Burkina Faso par les administrateurs civils, les secrétaires administratifs et les adjoints administratifs », fait savoir Adama Bidiga, secrétaire général national du SYNACSAB. Les travailleurs du ministère de l’administration territoriale sont, selon eux, les derniers dans la fonction publique. Il ne dispose pas de bureau adéquat pour les agents, manque de moyens matériels. Et les agents souhaitent ainsi un encadrement de leur corps, un décret pour permettre aux secrétaires généraux des mairies de mieux exercer leur fonction, une indemnité spécifique comme tous les autres ministères.

Des rencontres ont été organisées avec le ministre d’État mais « elles ont toutes accouché d’une souris voire tourner au dilatoire », précise-t-il. En effet, les réponses données par le ministre remettaient en cause leur plateforme. Des travaux ont néanmoins été menés sur la plateforme sous la décision du ministre mais rien n’a été fait après la remise du rapport par le comité. Concernant les préoccupations financières, ils ont avancé l’argument de la remise à plat des rémunérations des agents de la fonction publique et au contexte social difficile.

Au vu de toutes les difficultés auxquelles le Burkina Faso fait face, le SYNACSAB propose « qu’urgemment, l’autorité de l’État soit restaurée et qu’une véritable politique de cohésion sociale soit mise en branle ». Cette mission relève du ministère en charge de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale. C’est pourquoi, l’administrateur civil, régulateur de la société doit être mis en état de travailler convenablement et décemment afin de juguler les difficultés qui se posent à la nation burkinabè. Mais toujours selon le syndicat « rien ne va au ministère, le département (…) a lui-même besoin d’une cohésion sociale », confie monsieur Bidiga puis d’ajouter : « C’est un personnel désemparé, déboussolé, délaissé, démotivé qui, face à l’indifférence du premier responsable du département, tente de remplir une mission qu’il sait impossible ». En somme, « l’administrateur est abandonné à lui-même ». Face à cet abandon, les agents ne peuvent pas travailler à restaurer l’autorité de l’État s’ils ne sont pas eux même restaurés.

De plus, le syndicat a passé en revue, l’actualité nationale et déplore « les sorties médiatiques du Ministre en charge de l’administration territoriale relatives à la marche meeting de l’Unité d’action syndicale, la répression barbare, les coupures abusives de salaires des travailleurs en lutte, les affectations par sanctions et le relèvement en conseil de ministre de certains camarades engagés » et dénonce aussi l’institutionnalisation du syndicalisme. Pour eux, les syndicats doivent avoir des pratiques syndicales libres, c’est ainsi qu’il ne manque pas de condamner « les agissements du pouvoir actuel », tout en abordant la question d’autorisation pour la marche. Selon leur explication, la déclaration doit être faite 72h devant la loi compétente. Toutefois, toute manifestation peut être interdite mais cette interdiction doit respecter les textes publics. « Une marche est illégale quand elle ne respecte pas les textes », fait-il savoir. Pour eux, la marche était bel et bien légale et ils seront favorables à une plainte contre ceux qui ont osé réprimer la marche, « nous avons été brimés dans notre droit le plus élémentaire qui est de manifester notre mécontentement », darde-t-il.

Pour ce qui est de la trêve sociale, le syndicat invite plutôt le gouvernement à travailler à ce qu’il n’y ait plus de préoccupations. Avant d’aller en grève, un temps est accordé au gouvernement pour réagir à travers un préavis de grève, et « le gouvernement peut bien éviter cette grève », dise-t-il. Pour les administrateurs, les structures syndicales utilisent la grève lorsque le dialogue est rompu ou lorsque les choses ne bougent pas. Et « se taire, c’est amener le pays au gouffre. Nous ne grévons pas pour faire du mal au ministre, c’est juste pour l’amener à prendre en compte nos préoccupations. Si ces grèves l’étouffaient, il y a longtemps qu’il aurait pris en compte nos préoccupations », laisse-t-il entendre. Si rien n’est fait, le syndicat annonce d’autres actions qui seront menées.

 

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