Tabagisme : Des ONG en rang serré pour faire fléchir l’ industrie du Tabac au Burkina

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Ce jeudi 6 avril 2017, l’Afrique contre le tabac (ACONTA) et les organisations de la société civile telle que la ligue des consommateurs ont organisé une conférence de presse à Pacific hôtel. Lors de ce point de presse, la ligue des consommateurs à réaffirmer son engagement auprès de l’ACONTA dans la lutte contre le tabac pour une protection sanitaire de la population.

De nombreux acteurs dans la lutte antitabac ont animé cette conférence à côté de l’ACONTA à savoir la ligue des consommateurs, le REJAT,  et l’UACT. Le président de la ligue des consommateurs Pierre Nacoulma a tout d’abord rappelé les conséquences néfastes du tabac sur la population. En effet, la fumée de la cigarette contient des substances chimiques et toxiques donc 60 sont cancérigènes. Elle provoque ainsi des décès prématurés environ 600.000 par an et fait 5 millions de victimes annuelles qui pourra atteindre 8 millions d’ici 2030. Pour la LCB, la cigarette endeuille « plus de 100.000 familles pour donner du travail à seulement environ deux cents (200) personnes ». En plus de ses effets mortels, la cigarette cause l’impuissance sexuelle, les lésions fœtales, les faibles poids à la naissance. Les plus vulnérables en souffrent car plus de 50%  de leur revenu sont déversés pour l’achat de tabac au détriment d’autres biens et services.

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Aussi, les conséquences sanitaires et économiques se répercutent sur « l’enfumé ». Le président de la LCB a insisté sur les maladies qu’entrainent la fumée de la cigarette à savoir les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires primaires et les cancers. Plus qu’une actualité «c’est une question de santé publique et pour la ligue des consommateurs du Burkina (LCB), association reconnue d’utilité publique, elle ne saurait rester insensible face à ce fléau qui décime à petit feu la portion la plus active de nos populations » explique Pierre Nacoulma. La LCB est donc « outillée et engagée  pour mener des actions soutenues contre ce fléau ». En tant que « membre du Comité national de lutte contre le tabac » elle est « directement impliquée dans la question de la lutte antitabac » affirme le président. La LCB a élaboré des « plans d’actions » et elle assure apporter « toute sa contribution afin de promouvoir les droits fondamentaux des consommateurs, dont celui de disposer d’un environnement et d’un corps sain  ». Le président n’a pas manqué de saluer l’interpellation faite au gouvernement sur ce fléau à travers « une question orale suivie de débat » et l’initiative de mettre en place une « commission parlementaire sur la question du commerce illicite sur le tabac ».

Le Burkina Faso dans la lutte antitabac.

Le Burkina Faso a ratifié la convention de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) rappelle le président. Selon lui « cet acte est un événement majeur dans le domaine de la santé publique qui donne le signal de la lutte contre le tabagisme à l’échelle mondiale ». Le Burkina Faso a pris des directives pour  l’application de la CCLAT, de la loi antitabac et de ses textes d’application, de même qu’un arsenal juridique portant sur l’interdiction de fumer dans les lieux  publics, les contrôles de la conformité contenus des tabac, les contrôles des emballages du tabac, le contrôle de la publicité du parrainage et de la promotion des produits du tabac, le contrôle de la vente aux mineurs. Pour lui « notre pays dispose aussi d’un plan stratégique de lutte contre ce fléau dans le plan de développement sanitaire et dans le PNDES ». Malgré toutes ses dispositions prises, aucune n’a été mise sur application. Le constat est déplorable sur le terrain en témoigne l’insuffisance d’application des textes antitabac existants, l’insuffisance de la collaboration intersectorielle, le faible niveau d’information du public sur les textes antitabac existants, l’insuffisance des ressources humaines et financières pour la lutte anti-tabac et l’interférence de l’industrie du tabac à toutes les étapes de la législation antitabac.

L’affaire pendante en justice entre le Ministère de la santé et la MABUCIG

Le Ministère de la santé et la MABUCIG sont en opposition concernant l’application d’un arrêté portant le  conditionnement et l’étiquetage des produits du tabac au Burkina Faso. L’arrêté oblige la MABUCIG a l’application de l’arrêté. Face à ce refus l’affaire a été portée en justice. Malheureusement, ce procès est à son 3e report avec pour motif un règlement à l’amiable. Le LCB s’interroge sur « les bénéfices pour le consommateur d’un tel règlement à l’amiable ». Selon le président, c’est une « façon mafieuse » de résoudre le problème. Il rappelle ainsi « le gouvernement face à son rôle régalien d’assurer la protection des populations et de leur offrir un cadre sein ». Il lance enfin un appel aux consommateurs à rester vigilants et mobilisés.

Pour le président de la LCB, les industries du tabac font pression pour ne pas appliquer le décret concernant les images sanitaires. Le procès qui devient une négociation ne doit pas être au détriment du consommateur annonce-t-il. Les OSC s’engagent contre le tabac rappelle le président et interpellent surtout les autorités car la « la loi reste la loi » et le consommateur doit se sentir protégé.

Pour le coordonnateur de l’ACONTA, c’est une « situation d’urgence inquiétante » car le règlement à l’amiable se poursuit sans prendre en compte tous les acteurs qui ne sont pas écoutés. Pour Salif Nikièma, le Ministère du commerce ne communique pas et soutient l’industrie du tabac. « Nous attirons l’attention des autorités à ne pas céder à la pression de l’industrie du tabac qui pense à ces intérêts au détriment de la santé. »,soutient-il. Aussi, ajoute-t-il « nous n’attaquons pas l’industrie mais nous la sensibilisons » poursuit-il. Au Burkina Faso, les images doivent occuper  60% sur les paquets et les industries veulent rabaisser ce pourcentage, ce qui est inacceptable. Dans d’autres pays comme le Sénégal, le Gabon, le Togo, le taux est nettement supérieur. Les images ont un rôle très important, vu le taux alphabétisme au Burkina.

Le président de la LCB, invite toute la population en occurrence les médecins à prendre part à cette lutte. Des plans d’actions, des communications et des plaidoiries seront menées partout pour l’atteinte de leur objectif qui est de sauver la santé de la population.

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