L’une des conséquences inattendues du covid-19 est une pénurie mondiale de préservatifs à cause des nombreuses usines et les circuits de distribution paralysés, a averti le principal fabricant du secteur. Une situation qui pourrait se révéler « désastreuse », selon l’ONU.

Une augmentation de la demande

La demande en préservatifs semble décoller dans le monde. En effet, depuis le confinement, “Karex” l’une des grandes usines de fabrication de préservatifs, a vu ses commandes augmenter, selon son directeur général, Goh Miah Kiat. Des médias indiens ont également rapporté que les ventes de préservatifs avaient bondi de quelques 30% la semaine suivant l’annonce du confinement dans le pays d’1,3 milliard d’habitants. Cette situation qui aurait dû réjouir les fabricants, les laisse pourtant indifférents car dans de nombreux pays du monde, les entreprises jugées « non essentielles » sont fermées et se voient donc obligées de suspendre leurs productions.

En Malaisie par exemple, l’un des premiers pays producteurs de préservatifs et de caoutchouc (leur matière première), un confinement strict est en vigueur depuis le 18 mars après une augmentation des cas de Covid-19.  Pire, le géant malaisien Karex, qui fabrique un préservatif sur cinq dans le monde, a été durement touché par les restrictions, et il s’attend à une baisse de production de 200 millions de préservatifs par rapport à la normale, de mi-mars à mi-avril. Cette entreprise qui fournissait des contraceptifs à de nombreux gouvernements et compagnies, ainsi qu’à des programmes humanitaires, a dû fermer temporairement ses trois usines malaisiennes au début du strict confinement imposé dans le pays. Le groupe a depuis été autorisé à reprendre la production, mais avec 50% de sa main d’œuvre habituelle pour l’instant.

L’Agence des Nations Unies chargée de la santé sexuelle et reproductive (UNFPA) a lancé l’alarme et averti qu’elle ne pouvait obtenir que 50 à 60% de ses livraisons habituelles à cause des perturbations liées au virus. D’après un porte-parole du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) qui a dû trouver des fournisseurs en urgence, « les fermetures des frontières et les autres mesures de restriction perturbent le transport et la production dans plusieurs pays et régions ».

Une augmentation probable du taux de grossesses non désirées et de cas de VIH/SIDA

L’agence qui collabore avec les programmes de planification familiale, souligne que le principal problème est de pouvoir livrer les préservatifs aux communautés les plus pauvres et les plus vulnérables, les plus à risque si les stocks sont épuisés. « Une pénurie de préservatifs ou de n’importe quel contraceptif, pourrait déboucher sur une hausse des grossesses non désirées, avec des conséquences désastreuses pour la santé et le bien-être d’adolescentes, de femmes et de leurs partenaires et familles », a souligné le porte-parole. L’agence craint aussi une hausse des avortements risqués et un bond des maladies sexuellement transmissibles et notamment du VIH.