On ne gouverne pas un « peuple insurgé » comme on gouverne un peuple exsangue de mémoire. Cette vérité, les professionnels de la gestion du pouvoir d’Etat ne doivent pas l’oublier. A travers cette réflexion nous voulons soulignés l’enjeu démocratique auquel nous sommes confrontés, face aux revendications des enseignants. Notre analyse se veut une interpellation pour une grande implication à la recherche de solutions à la crise actuelle dans l’éducation. Il serait opportun, que nos décideurs politiques et autres têtes pensantes, à tous les niveaux institutionnels réfléchissent à l’émergence d’un Burkina nouveau. Il faut revoir notre logiciel de gouvernance pour anticiper ce que tout le monde voit venir et qu’il refuse de nommer pour mieux le circonscrire et mettre tout en œuvre pour pérenniser une société burkinabè équitable aujourd’hui en déshérence. Pour cela, l’urgence d’une gouvernance de rupture s’impose. Il faut vite anticiper ce qui arrive et garder à l’esprit que tout va se jouer autour des actes politiques qui seront posés. Car la bonne gouvernance rime avec la gestion transparente et la distribution équitable des richesses et des ressources.
Il est important en ces temps anxiogènes de déconstruire les préjugés sur les enseignants et leurs revendications. Ce qu’il faut pour résoudre le problème de l’éducation au Burkina, c’est une approche intégrée et complète. Les burkinabè ne doivent pas attendre que les solutions tombent du ciel. Ils doivent activement participer à la recherche et prendre leurs responsabilités sur certaines questions dont ils sont acteurs ou victimes. Ces questions portent sur la qualité de notre enseignement. Nous sommes de ceux qui pensent que la crise actuelle dans l’éducation sera peut-être un mal pour un bien pour les burkinabè car une prise de conscience doit émerger pour une qualité du système éducatif. Nous ne devons pas oublié que face à de vrais problèmes, il faut élaborer des vraies réponses, pérennes.
«Une démocratie bien comprise n’est pas un régime qui maintienne artificiellement entre les hommes une égalité chimérique ; c’est un régime de libre sélection qui n’assigne d’autre limite à l’ascension sociale que les limites même de l’effort et de la volonté de l’individu.»[1]
Les défis sociaux sont énormes que ce soit dans le secteur de l’éducation, de la santé, la vie chère : les citoyens attendent des réformes efficaces avec des résultats tangibles et pas lointains.
La démocratie burkinabè ne peut être efficace que si elle fait la preuve que la gouvernance produit de meilleurs résultats en termes de développement économique et social pour les populations. En somme une démocratie efficace est au service des populations. La mobilisation actuelle des enseignants participe à une force permanente pour changer la gouvernance politique. Le défi actuel de la lutte des enseignants est de continuer la mobilisation pour qu’il y ait une force de pression sur la bande à Paul Tieba KABA.
Rappelons que ce qui a permis à cette classe politique d’incapables d’accéder au pouvoir [fut-ce-t-il par la voix des urnes], c’est d’avoir su jouer sur l’envie de changement de la population burkinabè post-insurrection, et la capacité à rassurer une partie de cette population sur le fait qu’ils connaissaient bien les arcanes du pouvoir et de l’Etat au Burkina. Pour le moment nous assistons à un tâtonnement qui nous faits croire qu’ils ont été simplement des « garçons de courses » qui n’ont tiré aucune leçon de leur collaboration avec le pouvoir qu’ils ont chassé.
Au lieu de tirer leçon des modèles de gestion de crise de systèmes éducatifs qui ont été expérimentés de par le monde, les gouvernants burkinabés continuent à s’engluer dans ses politiques stériles. Nous refusons de croire que les élites politiques burkinabés se transforment en de véritables sangsues incapables d’ambition et davantage préoccupées à défendre leurs intérêts égoïstes. Mais hélas ! Le Burkina Faso post insurrection est dirigé par une élite sans vision politique à moyen ou long terme. Faute de réflexions endogènes ou prospectives et de volonté politique en vue d’amorcer un changement par une synergie d’actions, ils naviguent à vue. Le comble, c’est que cette élite politique (les oiseaux rares comme le diraient quelqu’un) patauge dans un complexe suranné d’un traitement social inéquitable et fait la promotion d’un discours d’affabulation, à coups de renforts médiatiques calomnieux et risibles voire mêmes dégoutants, du culte de la personnalité et tutti quanti.
La bonne gouvernance n’est pas le fort des dirigeants africains. C’est connu. Mais on ne change pas les choses avec des fuites-en-avant et/ou de la délation. Inutile d’asséner des taux de croissance qu’on a du mal à traduire en termes de mieux être des gens.
Enseignants burkinabè restons unis et œuvrons pour l’avenir du pays. Nous sommes porteurs d’un esprit de renouveau et d’ouverture dans nos engagements. Nous devons résolument contribuer à la vie de la nation dans les différents domaines politique, économique, social et culturel, en assumant nos devoirs en tant que citoyens à part entière. La mobilisation actuelle démontre bien que nous vivons en symbiose avec le peuple et que nous partageons ses combats et ses préoccupations. Cette lutte actuelle, chers collègues est la lutte de les défis. Tâchons d’être à la hauteur.
I.H.K
CPES français
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