Procès Thomas Sankara : Les avocats interpellent sur une éventuelle grâce présidentielle pour les accusés

 

Ce jeudi 7 avril 2022, le collectif des avocats de la famille du président Thomas Sankara a animé une conférence de presse à Ouagadougou. Il s’est agi au cours de cette rencontre avec les Hommes de médias, de faire une lecture sur le délibéré du procès Thomas Sankara et ses compagnons, rendu le 6 avril 2022 par la chambre de jugement du tribunal militaire de Ouagadougou.

Suite à l’assassinat du Président Thomas Sankara, une plainte a été  déposée par la veuve Mariam Sankara et ses enfants, le 29 septembre 1997 et a fait objet de l’ordonnance du doyen des juges d’instruction le 9 octobre 1997. Après plus de 25 années de procédures judiciaires, le verdict est finalement tombé le 6 avril 2022.

Pour Me Bénéwendé Sankara, « nous avons persévéré malgré l’adversité et les multiples difficultés pendant vingt-cinq (25) ans durant lesquels nous avons mené toutes les sortes de procédures tant au plan national qu’au plan international, aussi bien devant les juridictions civiles que militaires ». Malgré les péripéties et les vicissitudes, le procès Thomas Sankara a vu le jour. « Le procès qui, enfin s’ouvrit le 11 octobre 2021, a connu son épilogue le 6 avril 2022 avec la décision finale, rendue après presque six ans d’instruction (du 6 mars 2015 au 7 octobre 2020) », a expliqué Me Sankara.

« La chambre de jugement du Tribunal Militaire de Ouagadougou vient ainsi d’inscrire dans l’histoire judiciaire du Burkina Faso en lettres d’or, le nom du juge Urbain Méda et celui de tous les membres de la chambre qui, pour la postérité, ont courageusement dit le droit et rendu la justice au nom du peuple burkinabè », a apprécié Me Bénéwendé Sankara puis d’ajouter : « Cette décision, si elle est une victoire, elle est le mérite d’abord de notre cliente principale, Madame Mariam Sankara dont il faut saluer le courage, la bravoure et l‘abnégation. Ensuite, elle est le fruit du combat de tous les hommes et femmes épris de justice, de vérité, de paix et de liberté comme valeurs cardinales de la dignité humaine ». Il a par ailleurs, remercié les médias et toutes les personnes qui les ont accompagnés pour avoir la victoire.

« Nous prenons acte de la décision rendue le 6 avril 2022 par la chambre de jugement du tribunal militaire de Ouagadougou mais aussi des sanctions qui ont été prononcées contre certains accusés à la hauteur des crimes abominables. Nous-nous félicitons des résultats auxquels nous sommes parvenus grâce à un travail d’équipe fait avec méthode dans la confraternité et dans l’engagement des avocats qui ont vu à travers le procès Thomas Sankara, la défense au-delà des intérêts familiaux, d’une cause : celle de la liberté africaine et la lutte contre l’impunité », a laissé entendre Me Sankara et de préciser : « Beaucoup de zones d’ombre existent encore, notamment au plan des complicités internationales ».

Les avocats ont reconnu que ce procès a été équitable. Concernant la réconciliation en cours, « on ne peut pas se pardonner en sacrifiant la vérité qui parait essentielle comme élément de pardon », a confié Me Sankara. En ce qui concerne la grâce présidentielle, Me Sankara ajoute qu’« elle doit tenir compte de la volonté des Burkinabè sinon cela risque aussi d’entrainer d’autres problèmes ». Le collectif des avocats de la famille Thomas Sankara a interpellé les autorités dans la mise en œuvre de l’exécution de la décision de justice rendue et félicite le tribunal qui a reconduit le mandat d’arrêt contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando.

Pour Me Prosper Farama, « nous ne rendrons pas service à notre peuple, nous ne rendrons pas service à notre nation. Ce n’est pas une question de réconciliation qui est posée mais une question de justice. La justice a rendu son verdict. Quand on est condamné, on purge sa peine. Si les gens ont pris le pouvoir pour redresser les choses, pour venir gratifier leurs anciens amis, ils seront face aux Burkinabè qui leur diront non. Dans le principe, ça ne peut pas s’accepter. Il ne doit pas avoir de privilège pour qui que ce soit », a interpellé Me Proper Farama sur la réconciliation ou la grâce présidentielle. Pour les avocats, la justice burkinabè et ivoirienne doit mettre tous les moyens en œuvre en respectant les droits des personnes condamnées pour que la décision de justice soit exécutée.

Mariam Sankara, présente à la conférence de presse, n’a pas manqué d’exprimer sa satisfaction sur le procès. « Nous avons appris des choses et aussi des vérités. Elles font mal. À la fin, la justice a été rendue. Cela peut nous apaiser mais nous restons avec notre douleur. Nous continuerons maintenant à faire notre deuil ». Elle a remercié toutes les personnes qui les ont soutenus dans cette lutte qui a durée 34 années. Concernant les réparations pécuniaires, la famille se concertera sur cela, a laissé entendre les avocats.

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