Dans la matinée de ce jeudi 26 juin 2025, les habitants de Ouidtenga ont manifesté leur mécontentement face à l’installation surprenante de balises sur des terrains habités de la localité. Cette opération jugée suspecte et illégitime, selon les manifestants, est menée sur place par des agents soutenus par la Compagnie républicaine de sécurité (CRS).
Situé dans l’arrondissement 11 de Ouagadougou, Ouidtenga reçoit depuis quelques jours, des balises installées sur des parcelles déjà occupées ou en cours de construction, suscitant alors colère et inquiétude au sein de la population. Redoutant une expropriation déguisée au profit d’une entreprise immobilière, les habitants de la localité se sont mobilisés pour interrompre le processus d’installation. Face à la foule, ces agents en compagnie de la CRS, ont affirmé agir pour le compte de l’État. Ce qui a d’ailleurs multiplié les doutes et accentué la méfiance parce que les habitants n’ont pas été informés.
Pour tenter d’apaiser les tensions, un agent de police s’est adressé à la foule. « Nous sommes envoyés par l’État et non par une société immobilière », a-t-il déclaré, ajoutant qu’un arrêté pris en Conseil des ministres justifie leur action. Selon lui, l’objectif est de « délimiter la zone afin de mettre fin aux conflits et assurer le bonheur de tous ». Il a affirmé que la zone concernée « appartient désormais à l’État ».
Ces explications n’ont pas pu convaincre les manifestants, qui ont donc réclamé la présentation de documents officiels avant toute poursuite des travaux. « Depuis le début, je ne cesse de vous répéter que nous sommes envoyés par l’Etat. C’est le Président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré qui nous a envoyés de venir installer ces balises. Cette décision a été prise même en Conseil des ministres. Je pense que vous pouvez vérifier l’information sur le net », s’est adressé sur place, le chef de l’équipe CRS aux manifestants puis d’ajouter : « De toutes les façons, ces balises seront belles et bien installées. Nous allons interrompre l’installation aujourd’hui parce que les appareils des agents n’ont plus de batterie, mais nous allons revenir demain matin (vendredi 27 juin, Ndlr) pour poursuivre les travaux ».
Face à la presse sur les lieux, Ali Assali, habitant de Ouidtenga, a tenu à exprimer les doutes de nombreux résidents. « On leur a demandé s’ils avaient un ordre de mission ou un extrait du Conseil des ministres, mais ils n’en ont présenté aucun », a-t-il affirmé, tout en précisant que plusieurs habitants avaient acquis leurs terrains auprès de sociétés immobilières telles que NIPAB, MIC et ZAGRACH, et qu’ils y avaient déjà construit ou entamé des travaux.
Ali Assali a également dénoncé un manque de transparence. « On ne comprend pas pourquoi, ils viennent placer des balises sans consulter les habitants ni les sociétés concernées », a-t-il souligné. Selon lui, la situation est d’autant plus préoccupante que les agents évoquent la matérialisation d’un titre foncier sur 666 hectares, une zone faisant pourtant l’objet d’un litige judiciaire. Il a également fait remarquer que l’année précédente, les mêmes agents avaient interdit toute construction pendant un mois, et que cette fois-ci, les représentants des sociétés immobilières n’ont pas été associés aux discussions comme par le passé. « Aujourd’hui, on les met à l’écart et on dit que c’est l’État qui veut s’approprier la terre », a-t-il regretté.
Ali Assali a précisé que les habitants soutiennent les actions du gouvernement. « Nous sommes pour la politique du gouvernement actuel. Nous sommes pour, parce qu’on constate qu’il y a des changements », a-t-il déclaré, tout en insistant sur l’importance de préserver la cohésion sociale. « S’il n’y a pas cohésion sociale, s’il n’y a pas la quiétude, ça ne peut pas avancer », a-t-il affirmé.
Il a souligné que l’administration actuelle, dirigée par le Capitaine Ibrahim Traoré, est perçue comme responsable, et qu’à ce titre, elle se doit de fournir les justificatifs nécessaires. « La population est inquiète, pourtant, ils sont en train d’œuvrer pour qu’il y ait la quiétude au sein de la population. Toutes ces personnes qui ont acheté des parcelles ici, c’est pour être paisibles avec leurs enfants », a-t-il conclu.
Seydou Compaoré, un autre résident, est resté sur la même position. « Nous vivons ici depuis des années. Nous avions le droit de savoir ce qui se passe », a-t-il déclaré, tout en affirmant avoir exigé une accréditation officielle, mais n’avoir reçu que des déclarations verbales qui évoquent un ordre venant du Président du Faso et du ministre de l’Urbanisme. Pour lui, cette méthode est inacceptable. « On ne peut pas encercler les gens sans explication ni document. S’il y a un ordre du Président, qu’on nous le prouve. Sinon, nous n’allons pas coopérer », a dardé Seydou Compaoré qui soupçonne une société immobilière d’être impliquée. « J’ai vu le fils du propriétaire de la société IMMOREX sur les lieux », a-t-il soutenu.
Par ailleurs, les habitants de Ouidtenga maintiennent toujours leur position : si cette opération relève véritablement d’une décision gouvernementale, elle doit être étayée par des documents officiels accessibles et présentés publiquement. Faute de quoi, ils continueront de s’opposer fermement à la pose des balises. Contacté par téléphone, le Directeur de la communication et des relations presse du ministère en charge de l’Urbanisme, qui semblait même surpris de la situation, a promis de revenir aux journalistes après avoir mieux se renseigner sur le sujet.
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