Ouagadougou a vibré, ce lundi 22 décembre 2025, au rythme du lancement de la 11e édition des « 72 heures du lait local ». Organisée par l’Union nationale des mini-laiteries et des producteurs de lait local du Burkina (UNMPL/B), cette manifestation majeure vise à valoriser et à promouvoir la richesse de la production laitière nationale. Placée sous le thème prospectif « Pour une tenue réussie des 72 heures horizon 2035 : enjeux, stratégie, mobilisation et financement », cette édition marque une étape décisive pour une filière qui se veut désormais le fer de lance de la souveraineté alimentaire du pays.

Jusqu’au 24 décembre, le programme prévoit des communications, des panels et des expositions destinés à mettre en lumière le savoir-faire des acteurs de la chaîne de valeur.
Cette initiative représente une opportunité cruciale pour les éleveurs burkinabè, alors que les enjeux de sécurité et de résilience occupent le cœur des priorités nationales. Pour les producteurs et les transformateurs, ces trois jours constituent une tribune idéale pour exposer leurs produits mais aussi pour formuler des doléances concrètes afin d’améliorer la marche du secteur. Karim Seré, directeur de programme d’OXFAM au Burkina, a d’ailleurs tenu à saluer la résilience de l’UNMPL/B qui, après dix éditions réussies, continue de porter haut le flambeau du « consommer local ». Partenaire de longue date, l’organisation encourage l’Union à redoubler d’efforts pour que la souveraineté laitière devienne une réalité tangible, avec pour objectif ultime, à moyen terme, de réduire drastiquement la dépendance aux importations de lait en poudre.

Sur le terrain, la réalité des acteurs témoigne d’un combat de longue haleine. Diallo Adama Ibrahim, producteur et responsable d’unité de transformation, rappelle que la filière a traversé des périodes sombres où, malgré un potentiel certain, la consommation ne suivait pas. Si l’intégration du lait local dans les habitudes alimentaires progresse, le défi majeur reste celui de la confiance. « Notre lait est le meilleur », affirme-t-il, tout en plaidant pour une éducation des enfants dès le plus jeune âge afin de bâtir une génération de consommateurs engagés. L’enjeu économique est colossal : le Burkina Faso dispose d’un potentiel estimé à 250 millions de litres, dont seulement 5 % sont actuellement transformés. L’ambition est claire : transformer la totalité de ce potentiel pour couvrir l’intégralité du marché national sous le label « Lait Faso ».

Depuis sa création en 2015, l’événement a su résister aux crises successives, qu’elles soient sécuritaires, sanitaires ou financières. Pour le président de l’UMPL/B, le lait local n’est plus une simple option, mais une solution stratégique pour l’emploi, la nutrition et la stabilité des territoires. Face à la concurrence des produits importés, l’heure est désormais à la conformité et à l’innovation. Loin des discours flatteurs, les acteurs de la filière réclament aujourd’hui des engagements concrets et un accompagnement de l’État vers une démarche de qualité. Comme l’a souligné le président en clôture de la cérémonie d’ouverture, la souveraineté alimentaire ne peut dépendre de l’extérieur : ce qui nourrit la nation doit être le fruit de ses propres forces.

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