Zéphirin Diabré, ministre d’Etat chargé de la réconciliation nationale : « Le procès de Thomas Sankara fait partie du processus de réconciliation nationale »

 

Le procès de l’assassinat de l’ex-président Thomas Sankara s’est ouvert hier lundi 11 octobre 2021. A cette occasion, Zéphirin Diabré, ministre d’Etat auprès du président du Faso, chargé de la réconciliation nationale a donné sa lecture de ce procès et surtout de son impact sur le processus de réconciliation nationale.

« Le début de ce procès s’inscrit dans un contexte de conduite du processus de réconciliation nationale. Et même si la procédure a commencé bien avant, il est clair que ce procès fait partie de ce processus qui repose sur l’utilisation très intelligente du triptyque vérité-justice et réconciliation. Ce procès concerne le cas de l’assassinat du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons. C’est ce qu’on appelle dans le jargon de la réconciliation les crimes de sang. Et un procès est toujours une occasion de connaitre la vérité et de faire justice. Toute chose qui ouvre la voie à la réconciliation. Mon premier souhait est que ce procès puisse amener à la manifestation de la vérité pour qu’on puisse savoir réellement ce qui s’est passé et que le droit soit dit. Ce qui va apaiser les cœurs et nous permettre par la suite d’envisager les formes de réconciliation les plus appropriées pour ramener tout le monde ensemble et regarder dans la même direction. Ce procès est un cas. Mais il y a d’autres cas qui ont jalonné notre histoire politique. De manière générale, on a l’habitude d’aller jusqu’en 1960. Mais si on s’en tient uniquement aux crimes de sang qui sont ceux dont le caractère dramatique est plus fort, c’est pratiquement au début des années 1980 avec l’assassinat de Nézien Badembié qu’on est rentré dans le cycle des crimes de sang liés aux évènements politiques. Après Badembié, on a eu toute la période du Conseil national de la révolution (CNR) qui a aussi connu des crimes de sang dont beaucoup n’ont pas été élucidés et pour lesquels les familles et les ayants droit ont aussi droit à la vérité. On a eu ensuite la période du Front populaire où il y a eu aussi des crimes de sang qui se sont étalés sur une certaine période. Même dans le cadre de la démocratie actuelle, il y a eu des cas de crimes de sang. Là où il n’y a pas une procédure judiciaire, il faut qu’on trouve le moyen pour que la vérité soit dite et qu’on puisse entamer une procédure de pardon. Les choses ont culminé avec l’insurrection populaire où il y a eu également des crimes de sang. Tous ces épisodes-là, feront, le moment venu, l’objet d’un examen minutieux lors du forum sur la réconciliation nationale et on décidera quelle procédure utiliser pour que la vérité soit dite. Ceci afin qu’éventuellement la justice soit rendue dans sa forme classique ou autre pour qu’enfin, on parvienne à une réconciliation. C’est l’occasion aussi pour moi d’appeler tous ceux qui critiquaient le processus de réconciliation en son temps d’être une occasion de « mouta mouta » (NDLR : méthodes peu scrupules) de se rendre compte que contrairement à ce qu’ils disaient, il n’en est rien. Voilà donc un procès qui a commencé et qui porte sur l’un des cas emblématiques. Je suis persuadé que d’autres cas vont suivre. On nous dit que la justice se prépare par exemple pour ce qui est du procès des membres du dernier gouvernement de Blaise Compaoré et d’autres questions de cette nature feront d’une manière ou d’une autre, l’objet d’un traitement à partir du forum. Puisqu’il faut qu’on trouve la formule pour vider ces différents contentieux nationaux et pouvoir avancer. Il n’y a donc pas une démarche qui vise à promouvoir l’impunité contrairement à ce que certains esprits, qui se croient plus intelligents, avaient commencé à raconter. Ce processus est conduit en ayant en esprit les principes fondamentaux auxquels notre peuple adhère ».

Propos recueillis par Nadège YAMEOGO (Sidwaya)

 

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