Anticiper plutôt que réparer, la bataille que l’Afrique doit gagner

 

Chaque année, le continent voit ses récoltes noyées, ses routes effacées et ses économies fragilisées par des catastrophes qui reviennent comme une saison trop familière. Pourtant, il existe une autre manière d’écrire l’histoire, une façon de briser ce cycle infernal à savoir investir dans la prévention, faire circuler l’information et transformer l’alerte en arme de résilience. C’est dans cet esprit que le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) a réuni des experts lors d’un webinaire le mercredi 3 septembre consacré aux enjeux économiques de la réduction des risques en Afrique.

Sur le continent africain, les catastrophes ne sont pas de simples épisodes météorologiques, elles s’apparentent à des virus récurrents qui reviennent toujours frapper là où le tissu social est le plus fragile. Inondations, sécheresses, cyclones sont autant de secousses qui grignotent chaque année des points de croissance, renversent des familles dans la pauvreté et compromettent des décennies d’efforts de développement. La répétition de ces chocs n’est plus un hasard du climat, c’est un cercle vicieux que les experts appellent désormais à rompre.


Pour Fanny Langella, responsable de l’unité contenu et réseau au Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe (UNDRR), il ne suffit plus de gérer les catastrophes après leur passage. Elle rappelle que l’institution qu’elle représente, créée en 1999, coordonne la mise en œuvre de cadres internationaux comme celui de Sendai 2015-2030, dont l’ambition est de rompre la chaîne où pertes, reconstruction et nouvelles catastrophes s’enchaînent sans répit. Elle insiste également sur le poids économique de ces chocs qui amputent entre deux et cinq pour cent du PIB africain chaque année, sans compter les désastres locaux qui échappent aux statistiques officielles mais détruisent silencieusement la résilience des communautés.


Elle explique que des solutions existent, comme l’investissement dans des infrastructures résistantes, l’usage de semences adaptées au climat, des systèmes d’irrigation innovants ou encore un meilleur accès aux prévisions météorologiques.
Mais selon elle, les médias ont aussi un rôle clé, car l’information brute ne suffit pas à changer les comportements. Il faut traduire les données scientifiques en messages accessibles, compréhensibles et utiles, au lieu de se limiter aux bilans macabres diffusés après chaque drame.
La réflexion a également mis en évidence la question des financements. Fanny Langella a cité les assurances paramétriques qui déclenchent automatiquement des indemnisations dès qu’un seuil climatique est franchi, les financements anticipatifs qui permettent d’agir avant même l’impact d’une sécheresse ou d’un cyclone, ainsi que des instruments comme les obligations vertes ou les catastrophe bonds qui offrent aux États la possibilité de transférer une partie du risque vers les investisseurs. Elle prévient que si l’Afrique n’arrive pas à réduire ces risques, chaque effort de développement sera balayé par le prochain événement extrême.

 

Madina Belemviré

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