Burkina Faso : il faut impérativement rompre avec “l’heure africaine”

 

« Avant de dire quoi que ce soit, nous voudrons nous excuser pour le “petit retard“ constaté indépendamment de notre volonté ». C’est ce qu’on a l’habitude d’entendre dans les conférences publiques, les conférences de presses, les ateliers, les rencontres et autres évènements. C’est devenu la coutume dans les activités, la formule magique des organisateurs avant le début de chaque rencontre, que cela soit avec des Organisations de la société civile (OSC) ou le gouvernement.

En découle une grande conséquence. Quand des organisateurs commencent leur activité à l’heure prévue, ils sont sûrs de ne commencer qu’avec la moitié des participants ou des invités. Au Burkina Faso, les organisateurs d’activités donnent l’heure à l’avance et malgré cela, l’assistance viendra en retard en se disant que le Burkinabè ne donne pas la bonne heure. Prenons l’exemple d’une conférence qui doit commencer à 9h30. Les organisateurs diront que l’activité est prévue pour 9h00 et les participants viendront à 10h en se disant que l’heure qui leur a été communiquée, est “l’heure africaine“ comme si l’Afrique avait une horloge propre à elle. Autres que les activités et évènements, dans les services (surtout publics), le retard ne constitue apparemment plus de problème. Des fonctionnaires ne se gênent plus à arriver en retard, au vu et au su de tous. En effet, dans une interview sur la télévision nationale, le Premier ministre de la transition, Albert Ouédraogo a abordé la question en ces termes : « Je constate avec beaucoup d’amertume qu’au niveau de l’administration publique, certains agents n’ont pas encore pris la mesure de la situation, de l’urgence dans laquelle nous sommes aujourd’hui. Certains pans de l’administration continuent toujours à fonctionner comme si nous étions en situation normale. On continue d’aller en retard au travail, on continue de gérer les dossiers comme avant et vraiment, c’est regrettable… ».

Jusqu’à quand cette pratique va-t-elle perdurer ? Parce qu’à un certain moment, il va falloir rompre avec celle-ci. « Être en retard est un acte de violence », selon l’homme politique, philosophe et révolutionnaire Mohandas Karamchand Gandhi. La ponctualité désigne le respect que vous accordez à vos invités et à votre activité. Les autorités qui étaient sensées donner l’exemple se trouvent être les plus douées dans cette pratique. On a donc l’habitude d’entendre le maître de cérémonie dans certaines activités : « Nous allons nous excuser et demander votre indulgence parce que le ministre accusera un “petit retard“. Nous commencerons incessamment ». Il n’est pas exclu que des activités se déroulent avec plus d’une heure de retard. Dans un pays en développement comme le Burkina Faso, le retard n’est pas un aspect qu’il faut minimiser. Le retard ne devrait pas être permis.

Il parait que le temps c’est de l’argent ? Mais ce n’est pas au Burkina Faso. Les Burkinabè ne sont pressés qu’en circulation.

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