Trois jours durant, Forces de défense et de sécurité (FDS) et Hommes de médias ont échangé dans une ambiance de fraternité et de collaboration. Quel est le rôle du journaliste dans la lutte contre le terrorisme ? Comment journalistes et FDS peuvent collaborer en parfaite symbiose dans cette lutte commune ? C’est une occasion pour les deux parties (médias et FDS), de mieux communiquer sur le domaine de la défense et de la sécurité nationale. Il s’agit pour les journalistes de dresser leurs attentes vis-à-vis des FDS et vice versa.
Les 17, 18, et 19 juillet 2019, s’est tenu à Kaya un atelier de réflexion sur les passerelles de dialogue entre les FDS et les médias dans la politique de riposte contre le terrorisme. Organisé par le secrétariat général de la défense nationale et le Conseil supérieur de la communication au Burkina Faso (CSC) avec l’appui du Programme des Nations-unies pour le développement (PNUD), cet atelier s’est tenu sous le thème « Médias et sécurité » et a pour objectif principal d’inclure de façons stratégique le journaliste dans la lutte contre le terrorisme, qui gangrène certaines régions depuis maintenant, quelques années au Burkina Faso.
La lutte contre le terrorisme, une affaire de tous
Le contexte actuel de la sécurité du Burkina est le fond de la pertinence de la tenue de cet atelier qui s’est déroulé à Kaya. En effet, il y a depuis quelques années, des gens mal intentionnés (terroristes) sans raison valable, ont choisi pour mission de nuire à la quiétude du burkinabè et de le prendre pour ennemi. Le constat est que, la bande Niger-Burkina Faso-Mali-Mauritanie et Bénin fait face à une insécurité grandissante depuis l’intervention de l’armée française en Libye en 2011. Toute fois, le Burkina Faso était épargné jusqu’en 2015 suite au renversement de l’ex régime.
A travers cet atelier, les médias burkinabè s’incluront d’une manière stratégique dans la lutte contre le terrorisme. La cérémonie d’ouverture a été présidée par le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Mathias Tankoano. « Le terrorisme et l’extrémisme violent ne sont plus l’apanage des seuls FDS. Les journalistes de même que les autres corporations de la nation, ont une part dans cette lutte », a laissé entendre le président du CSC dans son discours d’ouverture. C’est dire que toutes les couches sociales, sans exception doivent avoir comme devoir quotidien, la lutte contre les agissements des terroristes. « La synergie d’action qui nécessite que chacun travaille avec l’autre en complémentarité sans interférence, est à l’heure actuelle la seule chose qui puisse nous permettre de vaincre ce phénomène qu’est le terrorisme », a expliqué Mathias Tankoano et d’ajouter : « le terrorisme se nourrit aussi du contrôle de l’information, d’où la nécessité que nous en tant que journalistes, quand nous relayons l’information, que nous ne puissions pas jouer le jeu du terroriste et que nous puissions apporter l’information juste aux citoyens qui ont droit à cette information. »
Le Secrétaire de la défense nationale, Théodore Naaba Palé, a, à son tour, présenté le contexte sécuritaire du pays. « La situation sécuritaire de notre pays est préoccupante. Les attaques terroristes et les actes du grand banditisme ont fait plus de 280 morts, plusieurs dizaines de blessés et plusieurs dizaines de milliers de déplacés à la recherche d’un endroit sûr, laissant derrière eux leurs biens. Cet état de fait doit interpeller tout un chacun », a-t-il déclaré. « Il nous faut agir, poursuit-il. Il s’agit de montrer à toutes les composantes de la nation que leur devoir en tant que citoyen, c’est de participer à la défense de cette nation contre tous les dangers qui peuvent la détruire. C’est de montrer que nous sommes une nation, une communauté humaine ayant conscience d’être unie par une identité historique et culturelle. C’est aussi et surtout pouvoir rapprocher les deux camps (médias et FDS) pour l’intérêt de la nation, pour l’intérêt de la lutte contre l’extrémisme violent. »
Des séances de travaux ont animé cet atelier qui a duré trois jours. Il s’agit entre autres, de la présentation du terrorisme dans la bande sahélo-sahélienne. Dans cet exposé, le commissaire de division, Cyrille Sanou décrypte le terrorisme depuis sa naissance dans cette partie de l’Afrique. Aussi, il s’agit de dépeindre les grandes figures des acteurs du terrorisme dans cette bande de l’Afrique. « La communication, un outil de défense et de sécurité » est le thème de l’exposé du communicateur Tall (Tall Média). C’est de dire dans quelle mesure l’on peut exploiter les médias dans la riposte contre le terrorisme. Après cette conférence, l’on a abordé la politique de défense nationale et la relation presse-armée avec le colonel Karim Ouili et le colonel Patrick Ouédraogo comme conférenciers. L’organisation de la sécurité intérieure, les missions de la police et de la gendarmerie, la communication en temps de crise, ont été aussi abordées permettant aux participants de comprendre les tendances au niveau des forces l’ordre.
Les attentes
Cette rencontre entre FDS et Hommes de Médias, est une grande occasion pour chacun de donner ce qu’il attend de l’autre afin de mener à bien sa mission. Une mission commune et un seul objectif : venir à bout de l’extrémisme violent. Après plusieurs heures d’échanges, un terrain d’entente est trouvé et a permis de dresser deux listes. Une liste sur les attentes des médias vis-à-vis des FDS et une autre qui fait cas des attentes des FDS vis-à-vis des médias.
*Les attentes des médias vis-à-vis des FDS
-Développer une franche collaboration et une courtoisie mutuelle entre FDS et journalistes
-Formaliser le réseautage entre FDS et médias
-faire connaitre à l’avance les consignes de sécurité liées à chaque type d’évènement
-renforcer la participation des médias lors des opérations d’envergures des FDS
-former des journalistes sur des questions de sécurité et de défense dans les écoles de formations
-faciliter l’accès des journalistes aux personnes ressources
-créer un cadre de rencontre périodique entre FDS et journalistes
-Améliorer la réactivité des cellules de communication des FDS
-Améliorer la communication lors des grandes opérations
-dynamiser la cellule de communication de crise en cas d’attaques de grandes envergures
*Les attentes des FDS vis-à-vis des médias
-Encourager la spécialisation des journalistes sur les questions de défense et de sécurité
-mettre en exergue les acquis et les actes de bravoure des FDS
-avoir des journalistes biens formés, professionnels et crédibles
-respecter les consignes sécuritaires
-éviter de faire l’apologie des terroristes
-développer une franche collaboration basée sur la confiance entre FDS et journalistes
-se doter d’un signe distinctif en plus de la carte professionnelle de presse
-éviter de partager les images choquantes sur les réseaux sociaux.
Qu’appelle-t-on, faire l’apologie des terroristes ? Une question dont la réponse fut très simple pour les participants FDS. En effet publier les images des matériaux des FDS détruits par les terroristes, c’est faire l’apologie du terroriste. Dire que dans telle ou telle zone, les forces de défense manquent de tel ou tel matériel, ou qu’ils ne sont pas en nombre, c’est jouer à la faveur du terroriste qui est aussi lecteur des journaux. A travers les écrits, les médias peuvent sans savoir renseigner les fouteurs de trouble. C’est en réalité leur faciliter la tâche ou rendre possible leur mission.
La cérémonie de clôture s’est tenue dans l’après midi du vendredi 19 juillet 2019 à Kaya sous la surveillance du Secrétaire général de la défense nationale, Théodore Naaba Palé. « Les activités que nous avons tenues ici à Kaya sont une réussite. Déjà le fait de s’asseoir ensemble pendant trois jours pour discuter, crée de la sensibilisation. Et un de nos objectifs, c’est de parler de sécurité nationale et de dire à chaque burkinabè que la situation actuelle nous interpelle tous », a-t-il laissé entendre lors de son mot de fin. D’après Alexis Konkobo pour le compte du CSC, « les choses sont en train de prendre une nouvelle direction » et d’ici quelques jours ou quelques mois, il y aura du changement. D’après son propos, le CSC veillera à la réussite et à la poursuite de cette collaboration entre FDS et Médias.
Les participants ont pu formuler leurs recommandations aux termes de cet atelier de réflexion sur les passerelles de dialogue entre les FDS et les médias dans la politique de riposte contre le terrorisme. Ces participants ont condamné les actes barbares du terrorisme, vu les centaines de morts, plusieurs dizaines de déplacés et la psychose chez les citoyens du pays. Considérant le rôle important que joue les médias dans le renforcement de l’unité nationale et du sentiment patriotique, considérant les efforts quotidiens des FDS dans la défense de la patrie et des populations, considérant la nécessité pour les journalistes et les FDS de travailler en parfaite symbiose, les participants ont trouvé nécessaire la tenue de cet atelier. Ainsi, des remerciements ont été formulés à l’endroit du PNUD, du secrétariat de la défense nationale, du CSC, et tous ceux qui ont participé à la réussite de ces activités tenues à Kaya. Par ailleurs, cet atelier s’est tenu après ceux de Koudougou et Banfora.
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