Culture : Entretien avec son Excellence

Vous l’aurez bien remarqué dans notre parution du 17 décembre 2015 titrée « Son excellence donne signe de vie » qui a attiré votre attention, nous vous proposons l’intégralité de l’entretien. L’entretien dans lequel son Excellence revient surtout sur les évènements qui ont marqué sa vie dans sa carrière.

 

Présentation  : Je suis Gérard Ouédraogo à l’état civil connu sous le nom Excellence Gérard. Je suis artiste comédien, acteur de cinéma et humoriste.

Qu’est-ce qui vous a motivé à embrasser la carrière d’artiste humoriste ?

GO  : Je suis avant tout un comédien de théâtre et comme comédien de théâtre nous avons la mission d’incarner des personnages et de les rendre artistiques et esthétiques. Nous bossons pour vivre de notre métier. L’idée de me lancer dans l’humour est partie du fait qu’après le spectacle de théâtre, du cinéma, l’acteur lui-même n’a pas souvent de travail. Il défend les projets artistiques, de théâtre mais s’il n’y a pas ça en cour, l’acteur se retrouve chômé et en tant qu’artiste je me suis dit et si je faisais d’autres choses pour m’occuper et l’idée est partie de là.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à imiter Blaise Compaoré, l’ancien président ?

GO : L’idée d’imiter Blaise est partie d’un atelier de formation au quel j’ai pris part et la personne qui m’a incité à me mettre dans humour est Habib Dembélé du Mali. Lors d’un atelier en 2001 il m’a fait la remarque selon laquelle j’ai un accent de Blaise et que je peux l’imiter. Il est lui-même un professionnel en imitation. Il imitait l’ancien président Alpha Omar Konaré. A l’époque il était difficile pour moi parce que personne n’a osé au Burkina imiter un président.

Comment vous-vous êtes senti lors de votre première scène ?

GO : Ma première fois sur scène c’était lors du grand prix national de l’humour que le ministère de la culture organisait en son temps. J’ai écrit mon texte et j’ai postulé mais il était difficile pour moi parce que personne ne voulait m’aider par peur d’être impliqué ce qui me donnait plus de peur. C’était aussi un moment où le pays venait de traverser une crise. Quand le maître de cérémonie m’a annoncé, toute la salle était silencieuse pendant quelques minutes parce que personne au Burkina n’a jamais assisté à ce genre de spectacle. Je me disais au fond de moi que mon spectacle n’allait pas marcher. Je me suis rendu compte par la suite que c’était loin de ça, les spectateurs voulaient me découvrir. Ce même spectacle m’a donné la force de continuer puisque j’ai remporté le 2ème prix.

Avez-vous rencontré des problèmes en imitant l’ancien président, lesquels ?

GO : Oui j’ai souvent eu des problèmes pas avec l’ancien président mais parce que j’ai des difficultés à avoir du financement pour organiser un spectacle personne ne me croyais, j’étais victime de toute sorte de critiques. Les gens pensaient que le fait d’imiter le président était une porte de sortie pour moi.

Avez-vous déjà rencontré le président Blaise ?

GO  : Pas du tout. Je ne connais même pas le vrai teint de Blaise. Je le vois à la télévision comme tout le monde. Je n’ai pas eu de relation aves Blaise Compaore ni avec sa famille. Evidemment ca étonne beaucoup de gens parce que qu’il pense que le fait d’imiter le président pourrais me rapprocher de lui. Mais je vous le dit je n’ai jamais reçu même un bon d’essence de 1000 f de la part du président ou de sa famille.

J’ai aussi résisté à des propositions, notamment celles de faire un levé de rideau dans les 45 provinces au profit de CDP lors de la campagne présidentielle. Je suis un artiste je dois être libre et non partisan.

Le métier nourrit il son homme ?

GO : Je suis entrain de construire ma maison grâce à l’humour, je me suis marié et je nourri ma famille et règle mes facture grâce à l’humour.

Comment avez-vous vécu la transition ?

GO : Le départ de blaise fut une satisfaction parce que sa présence boguait ma carrière. Quand tu as besoin d’un soutien on te réplique, « mais va voir ton ami Blaise ». Maintenant j’espère que les gens me jugeront sur mon travail et rien d’autre. Pendant la transition je n’ai pas chômé, j’ai créé avec le PDG d’Omega la ‘’pause toilette’’ afin d’accompagner la transition.

Comment est né l’esprit de la pause toilette sur la radio Omega fm ?

GO : Le PDG a vu mon spectacle à l’institut français et il a pensé qu’on pouvait monter ce projet. J’ai proposé le concept et depuis vous pouvez suivre ‘’ la pause-toilette de Gérard’’ sur la radio Omega fm.

Quelles sont vos relations avec les autres humoristes ?

GO : Quand on a des spectacles on s’invite. Moi je me suis spécialisé dans le one man show, c-a-d seule en scène, mais il est toujours intéressant d’inviter d’autres artistes qui ont des styles particuliers et divers.

Après avoir imité Blaise vous penser pourvoir imiter la voie du président Rock ?

GO : Avant d’imiter il faut écouter des fois pendant 3 à 4 mois, tu fais des recherches sur les tics de la personne et tout cela n’est pas facile c’est tout un processus, c’est de l’art.

Quels sont vos projets ?

GO : A partir du 16 janvier 2016 à l’institut français va se tenir la deuxième édition de comédie club ‘’ le club des amis de Gérard’’.

En tant qu’artiste qu’est-ce que vous attendez des nouvelles autorités ?

GO  : Il ne faut pas être comme un chef de guerre qui se retranche à Kosyam avec ses provisions, nous attendons beaucoup de chose, comme la construction d’une salle de spectacle qui répond aux normes. Au Burkina on a des salles et réunions et non des salles de théâtre. Même le CENASA ne répond pas aux normes. Les artistes ont apporté leur touche pour le changement, alors il faut que le président travaille à dégager des fonds pour soutenir les artistes. Nombre de nos artistes de talent s’exilent en Europe, c’est une perte pour nous et cela me fait mal. Mais lorsque les conditions ne sont pas réunis sur place il va de soi que certains iront ailleurs pour valoriser leur talent et c’est une grande perte pour le pays.

Nous volons un cadre approprié de travail. Il faut aussi augmenter le budget du ministère de la culture afin que les artistes soient soutenus conséquemment.

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