Ce mercredi 1er mars 2023, le seul film burkinabè en compétition pour la 28e édition du FESPACO, a été présenté aux hommes de médias au Centre national de presse Norbert Zongo. Il s’agit de « Sira » de la réalisatrice Apolline Traoré.
Sira est l’histoire d’une jeune fille qui, lors de son voyage avec sa famille dans le village de son fiancé pour son mariage, a été victime d’une attaque terroriste avec le massacre de tous les hommes. Sira sera enlevée, violée puis abandonnée dans le désert. Dans ses parcours, elle va tomber sur le camp terroriste de son violeur Yéré où était également son oncle Moustapha. Réfugiée dans une grotte et étant enceinte, la jeune fille va alors se venger.
D’une durée de 2h, Sira est le 4e film de Apolline Traoré en lice pour le FESPACO. S’inscrivant dans le thème de la présente édition, ce film met en exergue la lutte des femmes contre le terrorisme. Et pour la réalisatrice présente lors de la projection, « c’est donner la voix aux femmes et surtout montrer que ces femmes ne sont pas seulement des victimes et qu’elles ont aussi une action très importante dans cette lutte. Dans nos villages, les grosses réunions se font entre hommes et on n’entend pas les femmes. Les femmes sont à la maison et peut-être qu’elles poussent leurs hommes en donnant leur petit avis. Quand il y a des décisions, elles ne sont pas impliquées. Faut pas qu’on oublie que les femmes restent à la maison avec les enfants. Ces femmes, ce sont elles qui vont changer les mentalités. Toutes les décisions qui vont être prises sur le plan politique, sur le plan organisationnel, elles doivent être inclues et savoir comment apporter de l’aide à ces jeunes, montrer comment les femmes participent dans la lutte contre le terrorisme à côté des hommes ». Ce film a été réalisé en co-production avec le Sénégal. « Cette collaboration est née parce que je connais très bien mon producteur Souleymane Kebe qui connait mon travail et qui m’a toujours soutenue. Évidemment, le film devait couter très cher donc il fallait que je trouve des coproducteurs. Il y a eu une co-production avec la France, avec l’Allemagne et évidemment le Sénégal qui, depuis des années, suit mon travail. ».
« J’ai choisi le français parce que ça concerne le G5. Si je prenais une seule langue, ç’allait concerner un seul pays. Je ne voulais pas que ça concerne un seul pays, je voulais que ça concerne le Sahel. Le français est parlé dans ces 5 pays et il fallait que ça soit une langue commune », a-t-elle laissé entendre sur le choix de langue. D’autres langues ont été utilisées à savoir le fulfudé, le mooré et l’anglais. L’armée est honorée dans ce film. « Il fallait absolument que je leur donne un hommage. Ils sont tués matin, midi, soir, ils ne dorment pas. Je ne pouvais pas faire ce film sans eux, sans leur rendre hommage, sans parler d’eux. Il était important pour moi de les inclure dans ce film ».
Financé pour être tourné au Burkina Faso, notamment à Essakane et à Dori, le film sera tourné en Mauritanie avec la recrudescence des attaques terroristes au pays des hommes intègres. La durée du tournage a été de trois mois et les difficultés rencontrées lors du tournage sont entre autres, les difficultés financières et les difficultés climatiques avec des fortes pluies, des vents créant des destructions des décors.
Pour l’actrice principale, Nafissatou Cissé qui est à son tout premier film, « il fallait jouer sur le plan émotionnel et sur le plan physique. Ce qui a été vraiment compliqué, c’est le plan émotionnel, être dans la peau de ce personnage, c’était vraiment très compliqué pour moi parce que j’ai dû réfléchir, sentir, ressentir la rage, les émotions de ces femmes, être en fait ces femmes. Le rôle que j’ai incarné, c’est l’espoir pour ces femmes. C’est aussi leur donner la voix. Rien n’est perdu, on est toujours ensemble, on va lutter pour que cette guerre se termine », a-t-elle confié.
Pour la réalisatrice, « c’est une compétition, c’est un choix des jurys. Si j’ai pu donner espoir avec ce film, si j’ai pu me pousser dans la situation dans laquelle nous sommes, c’était mon intention, et je pense que j’ai gagné à ce niveau ».
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