La question de l’ex chef d’Etat Blaise Compaore à Paul Kaba Thiéba*

En choisissant Paul Kaba Thiéba (PKT) le 6 janvier 2016 comme Premier ministre, le président Roch Kaboré n’a fait que respecter ce qui est presque devenu une tradition au Burkina: le chef du gouvernement est toujours soit un économiste, soit un technocrate.

“Kaba Thiéba, c’est malien ou guinéen, ça?” lui a demandé un jour l’ex-chef de l’Etat Blaise Compaoré alors qu’il le recevait en audience à l’époque où il était en service à la Caisse de Dépôts et Consignations à Paris. L’actuel Premier ministre burkinabè nous a raconté cette anecdote pour évoquer le fait que dans l’imaginaire de bon nombre de burkinabè, il n’est pas…burkinabè. En effet “Kaba” et “Thiéba” sonnent comme des patronymes de l’ex-Soudan français ou de guinée-Conakry. Et pourtant, PKT pour les intimes est bien un enfant du Pays des hommes intègres puisqu’il a vu le jour le 28 juillet 1960 à Bobo Dioulasso.

En le nommant comme son premier ministre, le chef de l’Etat Roch Kaboré a sans doute respecté une sorte de tradition en vogue ces dernières années au Burkina et qui veut que le chef du gouvernement soit un économiste ou un technocrate, étant donné que souvent le Trésor public s’apparente au tonneau des Danaïdes qu’il faut sans cesse remplir. Certains auront préféré un politique, casquette que revendique pourtant PKT: « Un ministre est toujours un politique”lâche-t-il. Voilà donc l’enfant de Kouy, localité située à près de 200 Km de Ouagadougou, Premier ministre de son pays d’origine d’où il est resté absent pendant…33 ans. Un handicap sociétal qui pourrait selon ses détracteurs, tendre à démonter qu’il ne connait pas assez les réalités du Burkina pour appliquer le programme présidentiel. “Fadaise”, répond l’intéressé, sachant que lui et le président “ partagent la même conception du développement” et qu’il a de surcroît une équipe compétente. Par ailleurs il n’a jamais perdu les réalités du pays , car il y passait la plupart de ses congés annuels.

Ceux qui côtoient PKT décrivent un homme rigoureux, bûcheur, “toujours sur le pont dès 6 heures” affirme Mamadou Sérémé, son directeur de cabinet. Exigeant et tatillon sur les détails comme le prouve la correction du compte-rendu du Conseil des ministres: la moindre virgule mal placée, une fausse incise sont traquées par lui avant qu’il ne donne son imprimatur au ministre de la communication qui transmet au Service d’information du gouvernement (SIG) pour diffusion.

Une puissance de travail et une intelligence indéniables: portrait enjolivé? Il est en effet battu en brèche par ceux qui le trouve trop exigeant, voire cassant, sous-informé et un tantinet condescendant avec ses collaborateurs. En fait, tout se ramènerait à l’exigence de résultats envers les autres, alors que souvent les moyens manquent pour le travail. A mauvais ouvrier, mauvais outil, argumente en substance PKT qui, à l’évidence, est pétri de convictions qu’il veut mettre au service de son cher Burkina Faso. A commencer par une révolution des mentalités.

Source : MARCHES Africains

Joachim de Kaibo

*Le titre est du journal Fasoactu

1 Commentaire sur "La question de l’ex chef d’Etat Blaise Compaore à Paul Kaba Thiéba*"

  1. Cet article élogieux est irrespectueux pour ses lecteurs. Il suffit de lire les comptes rendus du conseil des ministres, pour se rendre à l’évidence, que la correction et la munitie ventée dans l’article n’y sont pas. Cela n’enlève rien aux qualités du chef du gouvernement, dont on attend, non pas une vantardise d’application des règles d’étudiants studieux, mais un courage face aux institutions internationales et une vision innovante et non court-termisme sur la marche du pays.

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