Pour lutter contre l’exclusion, l’Association pour la Renaissance d’une Citoyenneté Nouvelle (ARCN) a organisé une campagne d’établissement de jugement supplétif d’acte de Naissance pour les populations de Téma-Bokin. La remise officielle du premier lot a eu lieu ce samedi 23 juin 2018 à la maison des jeunes de Tema-Bokin.
C’est dans le souci de donner la chance aux enfants d’aller à l’école et de participer aux concours, que l’ARCN s’est lancée sur ce champ. Le processus a d’abord commencé par un recensement ayant abouti à l’établissement des actes de naissances. En effet, sur 60 villages, seulement dix (10) ont été recensés. Dans les 10 villages parcourus, 1205 personnes n’ont pas de jugement d’acte de naissance. Dans son allocution, le président national de l’ARCN, Mousbila SANKARA, affirme que cette situation est liée à une « insuffisance administrative, qui marginalise de façon consciente les populations concernées ». Ce problème est aussi bien connu des pouvoirs publics de la zone. Il a ensuite dénoncé le fait que « à l’approche des consultations électorales, le pays est parcouru par des pêcheurs de voix électorales à travers des opérations de délivrance de jugements supplétifs d’acte de naissance, voire même des cartes d’identité, aux seuls fins de permettre aux bénéficiaires de leur apporter leurs votes ». Pour résoudre ce problème, il a interpellé les CVD et les conseillers à jouer pleinement leur rôle de serviteur du peuple. Cette opération a permis de délivrer ce 23 juin 2018, près de 400 jugements supplétifs d’acte de naissance à trois villages que sont : SITOEGA, TANWEFO, POEDOGO. Les bénéficiaires se disent être très contents d’avoir eu enfin un acte qui les prend en compte comme citoyen, en témoignent les propos du CVD de Sitoega, GUIRA Ousseni, « nous remercions l’association pour sa bonté, car ces actes de naissance peuvent beaucoup aider dans les études des enfants, mais aussi les pièces d’identité. Cela facilite beaucoup de chose ». Ce dernier n’a pas manqué de relever les difficultés qu’ils rencontrent pour l’établissement des extraits d’acte de naissance, « nous rencontrons principalement deux problèmes : quand on va à la mairie, on nous donne un rendez-vous que la mairie n’honore pas, on repart plusieurs fois sans gain de cause et on finit par laisser tomber. C’est quand l’enfant a l’âge d’aller à l’école que le problème d’acte de naissance se pose et la mairie nous fait marcher sans gain de cause, c’est pourquoi les enfants partent pas à l’école ».
Cependant, ce n’est pas sans difficultés que les opérations ont été menées. L’association a déboursé 1600 f CFA sur chaque acte pour alléger la cherté de ce document, en ce sens que seuls les frais de timbres sont payants. Force est de constater qu’à Téma-Bokin, avoir un acte de naissance est un luxe bien au-dessus de la population, car il faut décaisser au moins 2100f CFA pour avoir un jugement supplétif d’acte de naissance. Selon SANKARA Seydou, coordonnateur des opérations, « l’opération devait se mener conjointement avec l’état civil de la mairie, et la préfecture, mais la mairie n’a pas participé à l’opération. Donc c’est avec la préfecture et l’appui des CVD que l’opération a été effective. » En ce qui concerne la somme de 2100f CFA, il apporte plus d’explications « la somme de 1600f CFA concerne uniquement la copie intégrale : 1000f pour la préfecture (le déplacement du tribunal), 300f pour le certificat de non inscription, 300f pour la copie intégrale. Tenez-vous bien, avec les 1600f, il faut que le bénéficiaire revienne encore à la mairie pour établir la copie à 500f donc ce qui fait qu’actuellement une copie revient à 2100f CFA au lieu de 1600f CFA. L’association voulait négocier avec la mairie pour une réduction des 500f pour l’inscription, la copie intégrale et le certificat de non inscription mais nous n’avons pas obtenu gain de cause. Nous avons remarqué que dans certaines communes comme Yako, ces deux documents sont gratuits et on paie seulement les timbres ». En moyenne 100 personnes par village n’ont pas d’acte de naissance à Téma-Bokin et les coûts sont très élevés si bien que l’association n’a pas pu toucher toute la commune. De ce fait, elle lance un appel aux autorités communales, administratives et à toutes les bonnes volontés pour un appui afin de poursuivre l’opération dans les 50 villages restants.
SOULAMA Kimbié Armel
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