L’organisation des personnes handicapées du Burkina Faso (OPH) a animé une conférence de presse ce mardi 28 février 2023 à Ouagadougou. Il s’est agi de présenter l’état des lieux de la mise en œuvre des droits des personnes handicapées et de formuler des doléances.
Le 23 juillet 2009, le Burkina Faso a ratifié la convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH), ce qui signifie que le pays s’est engagé à promouvoir, protéger et assurer les droits des personnes handicapées vivant sous sa juridiction. C’est ainsi que des textes généraux sur l’égalité en droit et en dignité des citoyens proscrivant toute discrimination de toutes sortes ont été adoptés ainsi que des textes spéciaux applicables aux personnes handicapées tout en proscrivant la discrimination fondée sur le handicap. Ces textes sont entre autres, la protection et la promotion des droits des personnes handicapées, la carte d’invalidité en faveur des personnes handicapées, la fixation des conditions d’emploi et de formation professionnelle des personnes handicapées, les mesures sociales en matière de santé, d’éducation, d’emploi, de formation professionnelle et des transports. Mais force est de constater que le Burkina Faso rencontre des difficultés dans l’application de ces textes et décrets.
Le président de la Fédération burkinabè des associations pour la promotion des personnes handicapées (FEBAH), représentant des organisations faitières dans le milieu des personnes handicapées, Issa Palenfo déplore ainsi la non-application des textes en faveur des personnes handicapées. Sous la révolution, il y a eu des progrès dans l’application des textes pour les personnes handicapées mais depuis l’arrivée de la démocratie, cette application est difficile. « Nous avions progressé d’un pas. Sous la révolution, il y avait des progrès puisqu’on ne connaissait même pas qu’il y avait des droits. Il y a eu des droits qui ont été appliqués et qui ont montré à l’ensemble de la population et surtout à l’endroit des personnes handicapées, qu’il y a des droits et si ces droits sont appliqués, cela permet d’améliorer les conditions de vie des personnes handicapées dans tous les domaines », a-t-il laissé entendre.
C’est ainsi que des progrès ont été faits au niveau de la santé, de l’éducation, de la participation à la vie politique, même au niveau des sports et loisirs et de la culture. « Depuis ce temps, nous sommes passés à la démocratie. Beaucoup de décrets ont été adoptés mais de manière générale, les personnes handicapées souffrent dans l’application de leurs droits, le peu qu’on avait avant. Maintenant, on ne l’a plus », a déploré monsieur Palenfo puis d’ajouter : « Sous le régime de la révolution, quand une loi est décidée aujourd’hui, demain elle s’applique. Mais aujourd’hui, il faut même négocier pour l’application et l’application a un coût, ce qui est appelé inclusion. Et cette inclusion a un coût et l’état a oublié de prendre en compte ce coût. C’est ce qui fait que nous souffrons dans la mise en œuvre. Il y a des écrits mais c’est l’application qui pose problème, c’est la volonté politique qui manque ».
Pour Guy Yaméogo, président du Réseau national des organisations des personnes handicapées (ReNOH), « ce n’est pas parce que l’on a tout mis dans le texte que tout est appliqué. Les décrets qui ont été adoptés ou arrêtés font suites aux efforts et à la ténacité des organisations des personnes handicapées. S’il y a eu des décrets, s’il y a eu des adoptions, ça veut dire que quelque chose a été faite », a-t-il indiqué. « Au Burkina, les textes sont votés et les arrêtés sont pris mais il n’y a pas d’application. Je pense qu’il y a une volonté politique au niveau des décideurs », a déploré monsieur Yaméogo. Des ateliers de formation, de sensibilisation, des propagandes sont menés afin d’attirer l’attention des décideurs sur l’application des textes votés en faveur des personnes handicapées.
L’accessibilité aux bâtiments publics, la traduction du journal télévisé en langue de signe, l’employabilité dans la fonction publique de 10% et 5% dans le privé, la prise en charge des personnes handicapées déplacées internes dans les interventions humanitaires, la conformité à la législation du CDPH, la prise en compte de la carte d’invalidité dans le domaine sanitaire sont entres, les doléances soulevées. A travers cette sortie médiatique, l’organisation des personnes handicapées veut interpeller les décideurs sur la mise en œuvre effective des droits des personnes handicapées au Burkina Faso.
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