Partenariat du Burkina Faso: Une équipe perdante, on la change

 

Le Président de la transition burkinabè, Ibrahim Traoré a rendu visite à son homologue malien Assimi Goïta, mercredi. Autour de la table de discussion, la question sécuritaire. Le même jour, les Etats-Unis décident de l’exclusion du Burkina Faso de l’accord de la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA). Mais c’est quoi l’AGOA ? L’AGOA est une loi américaine votée et promulguée en 2000 par le 42e président américain, William Clinton. L’objectif est entre autres, de permettre aux pays subsahariens d’exporter sur le marché américain sans droit de douane.

Le Kenya, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, Maurice, l’Afrique du Sud, le Swaziland sont membres de l’AGOA. Pour le président Joe Biden, la démocratie burkinabè a régressé surtout avec les deux coups d’Etat qu’a connus le pays en 2022. Dans la lettre envoyée au Congrès américain, Joe Biden explique sa prise de décision : « J’ai pris cette décision car j’ai déterminé que le gouvernement du Burkina Faso n’a pas mis en place, ou fait des progrès continus en vue de rétablir le respect de l’Etat de droit et du pluralisme politique ».  C’est une deuxième sanction que prend l’Amérique contre le Burkina Faso. En effet, après le premier coup d’Etat en janvier 2022 (Coup d’Etat de Damiba contre Roch Kaboré), l’Amérique avait suspendu le deuxième programme de développement Millennium Challenge Corporation (MCC). Costaud d’une enveloppe 450 millions de dollars, le programme concernait trois projets bien précis dont le secteur de l’énergie. Il faut rappeler que le Lieutenant-Colonel Damiba avait laissé entendre lors de son déplacement à New York, que sa présence était également justifiée par le fait que certains financements étaient coupés et qu’il fallait renégocier afin de permettre au pays d’évoluer.

Du partenariat Burkina Faso-Mali

Les deux pays partagent une frontière de plus de mille kilomètres (1 000 km) de longueur et ont aujourd’hui les mêmes défis sécuritaires. Avec la visite du Président Traoré au Mali, à quoi faut-il s’attendre si une coopération plus approfondie devrait avoir lieu entre Ouaga et Bamako ? Quand on sait surtout que le Mali a décidé d’évoluer avec d’autres partenaires. Aussi, le Mali accuse la France de soutenir le terrorisme au Sahel et dit détenir les preuves de cette accusation. Alors, la visite du capitaine Traoré au Mali, si elle doit porter des fruits, il faut s’attendre à des mesures fortes de la part du nouvel homme fort dans les jours à venir parce que si le Mali présente ces preuves au Burkina, ce dernier prendra aussi des mesures pour empêcher que la France soit au Sahel. Le Burkina s’alignera certainement à la même file que le Mali dans l’effet de venir à bout de ce fléau. Et l’on dira bonjour les sanctions.

Assez fort pour faire face aux sanctions ?

Cependant, le Burkina Faso est-il prêt pour affronter des sanctions comme l’a fait le Mali ? Une chose est sûre, si le pays veut améliorer ses partenariats avec le Mali, il va falloir qu’il ait les mêmes partenaires. Mais le Capitaine Traoré « n’a aucune intention d’inviter Wagner », à en croire Victoria Nuland, la sous-secrétaire d’Etat chargée des affaires politiques aux Etats-Unis. Aussi, le parlement européen conseille au gouvernement du Burkina de ne pas recourir à Wagner pour former l’armée. Selon ce parlement, le recours à Wagner va à l’encontre de l’objectif d’apporter la paix, la sécurité et la stabilité au Burkina et au Sahel, comme si le Burkina et le Sahel sont en paix et en sécurité. Pourtant, il ne s’agit pas d’empêcher l’invitation du groupe privé Russe. Il faut plutôt apporter un soutien sans faille à ce pays qui en manque grandement. Les Etats-Unis ainsi que le parlement européen se préoccupent de l’arrivée de Wagner au Burkina que des milliers de morts que ce pays enregistre. Pour paraphraser l’ancien ministre burkinabè Sango, c’est la qualité de ton soutien au Burkina qui va empêcher l’arrivée de Wagner ; les intimidations ne servent à rien. Fred Norguet enseigne que l’on ne change pas une équipe qui gagne, mais changer une équipe perdante, est essentiel. Si la coopération avec certains pays (les forces françaises en premier) ne permet pas d’endiguer le problème, le renforcement avec d’autres pays (plus efficaces) devient vital. Le Burkina Faso est dans une sorte d’ambulance, en train d’être conduit aux urgences. Tout ce qu’il souhaite, c’est de mieux se porter, et toute solution pouvant l’aider à sortir de ce bourbier est la bienvenue. Aucune alternative n’est donc exclue. Compter sur soi-même est la meilleure façon de réussir. Mais aucune Nation ne peut évoluer dans l’autarcie. Il faut donc renforcer les partenariats avec d’autres pays, si l’ambition est de réussir. Si le Mali a pu contenir les sanctions, le Burkina le peut aussi si toutefois, ces mêmes sanctions tombent.

Pas seulement la sécurité

Si le partenariat militaire est chaotique, c’est aussi le cas sur le partenariat économique et éducatif. Mais comme les deux derniers ne causent pas de mort, peu de gens font le constat. Plus de 40% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté, selon la Banque Mondiale. Ceci dit, hormis l’aspect “sécuritaire”, les autres partenariats sont également à revoir. La transition burkinabè doit être une occasion de revisiter tout le système afin de mettre véritablement le pays sur les rails du développement.

Sah Abdoul Latif

Faso Actu

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