L’Union Nationale des Policiers (UNAPOL) a tenu une conférence de presse ce lundi 03 février 2020 au sein de son siège à Ouagadougou. L’objet de cette rencontre avec les hommes et femmes de médias, était d’exposer les raisons pour lesquelles le syndicat a décidé d’observer un arrêt de travail à partir du 04 février dans un souci de redevabilité envers la population.
Face au mépris, aux maltraitances et à l’incompréhension dont sont victimes les policiers de la part du ministre de la sécurité et ses collaborateurs, le syndicat de la police (UNAPOL) dans sa déclaration du 30 janvier dernier, a pris la responsabilité d’inviter l’ensemble des policiers à observer un arrêt de travail à partir du 04 février 2020 pour exiger la régularisation de la carrière de plus de 1000 officiers de police et le départ du ministre de la sécurité et de ses principaux collaborateurs. Mais ceci n’est pas la seule raison pour laquelle le mot d’ordre de grève est maintenu.
Selon le SG de l’UNAPOL Armiyaho Zongo, l’une des raisons pour lesquelles ce syndicat a lancé un mot d’ordre de grève, est l’incapacité et le manque de volonté du ministère à indemniser les familles de policiers décédés (environ une quarantaine) au cours d’attaques terroristes. « Les veuves et orphelins marchent, mais il n’y a aucune prise en charge effective malgré qu’il y a eu adoption d’un décret portant modalités d’indemnisation de l’agent des forces de la police nationale ayant subi des préjudices lors d’une attaque terroriste », a laissé entendre Armiyaho Zongo puis d’ajouter : « comment rassurer les hommes engagés aux fronts dans ces conditions ? Comment leur donner le moral pour se battre ? Comment leur expliquer une telle situation ? ». Toutes ces questions demeurent sans réponse.
Comme problème souligné par les conférenciers, il y a aussi la question des armes longtemps réclamées par les policiers. Les partisans de l’UNAPOL cherchent à savoir ce qui se passe avec les armes qu’ils ont réclamées pendant longtemps et qui ont été acquises mais qui, jusqu’à présent, ne sont pas mises à la disposition des policiers. « D’aucuns ont évoqué un problème de formation, ce qui a été comblé par l’État-Major Général des Armées à travers la formation de policiers à cet effet. Les policiers sont formés, les armes sont là mais on ne les remet pas aux policiers », a lancé Armiyaho Zongo.
En outre, la mauvaise organisation de la DGPN a été signalée. Compte tenu du défi sécuritaire actuel, l’UNAPOL a suggéré que l’organigramme actuel de la direction générale de la police nationale soit revu afin de l’adapter au contexte qui prévaut. A cela s’ajoute la question de la configuration actuelle du ministère de la sécurité dans lequel, il ne se trouve aucun cadre de la police nationale dans le staff décisionnel et les fonctions de responsabilité… Selon Armiyaho Zongo, s’il n’y a pas de suite favorable à leurs revendications, c’est parce que tout le staff décisionnel ne comporte pas de policiers, il ne comporte que des gens insensibles aux problèmes de la police. Pour lui, Il est indispensable de revoir la configuration du ministère de la sécurité en changeant de ministre et en changeant aussi ceux qui l’entourent mais qui ne lui donnent pas de conseils dans l’intérêt de la sécurité des populations.
Enfin, il a été constaté que plus de 1000 officiers de police se trouvent dans une situation anormale de carrière. L’UNAPOL a tenu à signaler aux techniciens du ministère de la sécurité, que les officiers de police sont plus importants pour la sécurité des populations que des techniciens qui profitent du confort des bureaux et des avantages, mais incapables de trouver des solutions aux problèmes relevant de leur domaine de spécialité.
C’est donc conscient des énormes enjeux de 2020 (lutte contre le terrorisme, élections, facilitations du retour des réfugiés, etc.) que l’UNAPOL demande le départ du ministre de la sécurité et ses collaborateurs, ainsi que la résolution des problèmes ci-dessus cités. « Celui qui s’oppose à ce que la police joue pleinement son rôle dans la sécurisation des populations, aura les policiers et l’UNAPOL en face », a affirmé le SG de l’UNAPOL.
Biba DERRA
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