Le projet sectoriel eau en milieu urbain est piloté par l’Office nationale de l’eau et de l’assainissement (ONEA) et financé par la Banque mondiale à hauteur de 46,45 milliards de francs CFA. Ce projet dont la durée doit s’étendre sur 9 ans est à sa septième année et son impact sur l’amélioration de la disponibilisation de l’eau potable est fort appréciable. Dans les quartiers non viabilisés, les populations indigentes peuvent désormais se brancher au réseau ONEA à moindre frais et tout naturellement elles ont amélioré leur cadre de vie et pas seulement, puisque sur le plan économique ces populations ont constaté une amélioration. Ainsi, le PSEU s’est inscrit dans la dynamique d’offrir aux populations de l’eau salubre et une bonne santé, et finalement le projet leur aurait permis pour certains de mieux lutter contre la pauvreté et pour d’autres de vaincre la pauvreté.
Parmi les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) figure la réduction de moitié du nombre de populations qui n’ont pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau de boisson salubre et à des services d’assainissement de base. La Banque mondiale à travers le financement du projet sectorial eau en milieu urbain s’inscrit dans cette vision. Le projet a connu son démarrage en octobre 2009 et devrait prendre fin en octobre 2015, cependant le financement a été prorogé et la date de clôture repoussé au 31 décembre 2018.
Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou et Dédougou sont les villes bénéficaires. Le réseau de distribution d’eau a été étendue de 819,9 km dans ces 4 villes. Aussi 541 300 familles ont eu des branchement particuliers, 370 000 puissards et 49 686 familles ont pu s’offrir des latrines. L’infrastructure de rétension d’eau dans ces villes a été accrue, et 249 bornes fontaines creusées. Ces réalisations prouvent à souhait que le projet lancé depuis 7 ans est résolumment engagé dans l’atteinte de son objectif qui est l’extension des systèmes de stockage, le transfert et la distribution d’eau, la facilitation de l’accès aux services par des programmes de branchements sociaux subventionnés et de bornes fontaines.
Compte-tenu du poids important de Ouagadougou dans le portefeuille de l’ONEA, les investissements réalisés sont plus importants à Ouagadougou que dans les autres villes. L’un des objectifs du projet étant aussi de contribuer au maintien de l’équilibre financier de l’ONEA. L’appui à la réforme du secteur de l’hydraulique urbaine se poursuivra aussi grâce au projet.
Sur le terrain, “le projet est parvenu en collaboration avec l’ONEA à améliorer considérablement la distribution d’eau potable dans les zones urbaines. Cependant, Ouagadougou a récemment enregistré une forte croissance démographique qui entraine de nouvelles difficultés pour assurer l’alimentation en eau potable de sa population, celles-ci étant en grande partie constituée de familles à faibles revenus”, explique la responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Burkina, Mercy Tembon. Ce fut à l’occasion de la cérémonie de lancement de la phase additionnelle du projet.
A ce propos, Mercy Tembon a vu juste. Par rapport aux autres villes Ouagadougou compte le plus grand nombre de population. Le problème d’eau potable et d’assainissement s’y posent avec acuité. En sus, la zone non viabilisée compte une population de plus en plus grande , pauvre, qui ne peut s’offrir le luxe de profiter d’un branchement particulier tant le prix n’est pas à leur portée ou plutôt n’était pas à leur portée. Le prix du branchement est maintenant à 30500 f.
Dans la zone périphérique de Somgandé se trouvant avant la zone commerciale de Kossodo, des centaines de familles ont maintenant des branchements particuliers.
Elles peuvent aisément s’acquitter des frais de consommation parce qu’il y a une agence ONEA pas très loin de leurs habitations. Cette situation profite tellement aux femmes qui ne tarissent pas d’éloge envers les bienveillants bienfaiteurs grâce à qui elles sentent que leur vie est meilleure.
Lorsqu’on leur demande en quoi ces branchements contribuent à l’amélioration de leur niveau et cadre de vies elles sont pour la pluspart prolixes. “Gain de temps”, “les élèves ont plus de temps libre pour étudier” “ linge, ustensile de cuisine et nous mêmes plus propres”, “ moins de moustiques” “ moins de maladies”.
Un système d’assainissement écologique qui élimine les déchets en les rendant utiles à l’Homme
Le projet PSEU, c’est aussi la prise en compte de l’amélioration de l’assainissement du cadre de vie à Ouagadougou et à Bobo dioulasso, notamment avec la construction des stations de traitement des boues de vidanges. Située dans la zone industrielle de kossodo, côté sud de la cimenterie Cim Faso, la station de traitement des boues de vidange de kossodo trône sereinement parmi les industries. Initialement, le gouvernement du Burkina Faso a sollicité et obtenu auprès de l’Association Internationale de developpement, IDA, un appui technique et financier pour réaliser un projet sectoriel Eau en milieu urbain des villes de Ouagadougou, Bobo dioulasso, Koudougou et Dédougou. Une partie servie à financer les études, la supervision, le contrôle des travaux des boues de vidange et la construction de deux stations à kossodo et à zagtouli.
En effet, la zone urbaine de Ouagadougou sera légèrement moins de 03 millions d’habitants en 2020, ce qui représente presque le triple de 2006. Aussi, le cadre global d’assainissement et de protection de l’environnement de la ville doit tenir compte de ces changements. Il s’agira précisément d’assurer une gestion efficace des boues de vidange qui jusque là sont rejetées directement dans la nature. Pire, la vidange manuelle est encore prédominante du fait essentiellement des coûts de la vidange mécanique relativement élevés par rapport aux capacités de paiement des ménages. Ces vidangeurs manuels enfouissent ces boues dans le sol. Ce qui constitue un risque non négligeable de pollution des eaux souterraines. Du coup, on pourrait craindre pour la qualité des eaux en sachets, dont la fabrication et la vente ne sont pas totalement incontrôlées. Fort heureusement, l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA) qui est un établissement public à caractère industriel et commercial a entre autre prérogatives, la gestion des eaux usées et excréta. Il a donc pris des mesures afin que le coût de la vidange mécanique soit amoindri. Il organise et sensibilise les entreprises de boue de vidange. Ces derniers se sont constitués en association et avant 2016 aucune taxe ne leur était soumise du fait des déchargements des boues au niveau des stations.
Soumaila Sodre, ingénieeur génie sanitaire à l’Onea est l’un des responsables chargé de maintenir un contact avec les entreprises de boue de vidange.“Tout est mise en oeuvre pour trouver un prix abordable en collaboration avec l’association”. Ainsi, les stations de traitement pourront capitaliser toutes ces expériences et aboutir un jour à la privatisation. L’ONEA n’exclut pas cette option dans le long terme. Pour l’heure, ces centres de traitement assurent une gestion saine et écologique des boues. Elles concentrent et traitent de façon contrôlée celles-ci afin d’éviter la dissémination des pathogènes dans l’environnement immédiat des zones habitées. Chaque jour des camions vidangeurs versent leur contenu dans des fosses appelées lits de séchage. A la station de kossodo il y a 45 lits avec chacune une capacité de 125m3. Ceux-ci sont conçus pour laisser infiltrer à travers des tuyaux, la partie liquide de la boue appelée percolat ou liqueur. Cette liqueur est purifiée et remise dans le circuit pour être utilisée par les maraichers. Une fois asséchée la boue est privée de la majorité de ses agents pathogènes.
La station se sert de grilles pour séparer les déchets solides de la boue. Parmi les déchets solides on dénombre des sachets plastiques, de la lingerie et même des tapis de sol. C’est à se demander si certains ne confondent pas leur WC à leur poubelle !
Une fois la boue solidifiée elle est évacuée manuellement vers les aires de séchages prolongés. Cette boue est vendue aux maraichers et agriculteurs qui l’utilisent comme fertilisant.
La réussite de cette expérience va permettre au Burkina d’accroitre le taux de personne ayant accès à l’eau potable, d’assainir leur milieu et de propulser un développement endogène basé sur le recyclage des déchets humains afin de produire d’autres richesses.
bravo bel article.