«I have a dream» : ce qu’on peut retenir de Martin Luther King, de son discours prononcé le 28 août 1963 à Washington

mlkpage_300Vers 18 heures, le 4 avril 1968, Martin Luther King, 39 ans, s’effondre devant sa chambre de motel, à Memphis, aux États-Unis. Il est venu dans la ville pour soutenir la grève des éboueurs, à majorité noire. Mais il est fatigué et sort prendre l’air sur le balcon. Un homme, un ségrégationniste blanc, lui tire alors dessus et l’atteint au visage. Martin Luther King meurt à 19 heures à l’hôpital de la ville. Très vite, des émeutes éclatent dans tout le pays. Son assassin, l’américain James Earl Ray, sera arrêté, jugé et condamné. Militant non-violent des droits civiques des Noirs aux États-Unis, pour la paix et contre la pauvreté, il se savait menacer. La veille même de sa mort, il disait ne pas craindre sa fin prochaine : « Ce n’est pas vraiment important ce qui arrive maintenant. Car je suis arrivé au sommet de la montagne… Certains ont commencé à parler des menaces qui se profilent… Je n’ai aucune crainte. Je n’ai peur d’aucun homme. Mes yeux ont vu la gloire de la venue du seigneur ! ». Ses paroles sont prophétiques mais c’est surtout son discours prononcé le 28 août 1963 devant le Lincoln Mémorial, à Washington qui reste dans l’histoire. Il prononce son célèbre “I Have a Dream” et décrit une Amérique où Blancs et Noirs sont unis. En 1964, il reçoit le prix Nobel de la paix.

Des extraits de son fameux discours traduit en français

“Je suis heureux de pouvoir être ici avec vous aujourd’hui, à une manifestation dont on se rappellera comme étant la plus grande manifestation pour la liberté dans l’histoire de notre pays.

Il y a cent ans, un grand Américain, à l’ombre de qui nous sommes aujourd’hui, a signé la Proclamation d’émancipation. Ce décret capital a faït se lever une grande lumière d’espoir sur les millions d’esclaves qui avaient été brûlés par les flammes de l’injustice. Ce fut comme une aurore joyeuse après la longue nuit de leur captivité.

Mais un siècle plus tard, le Noir n’est toujours pas libre; un siècle plus tard, la vie du Noir est toujours tristement ligotée par les menottes de la ségrégation et les chaînes de la discrimination ; un siècle plus tard, le Noir vit isolé sur une île d’indigence au milieu d’un vaste océan de prospérité ; un siècle plus tard, le Noir languit toujours dans les coins de la société américaine et il vit comme en exilé sur sa propre terre”.

(…)

1963 n’est pas une fin, mais un commencement. (…) Il n’y aura ni repos ni tranquillité en Amérique jusqu’à ce que le Noir obtienne ses droits de citoyenneté. (…)

Mais il y a quelque chose que je dois dire à mon peuple (…) Tout en cherchant à obtenir la place qui nous est due, nous ne devons pas être coupables d’actions mauvaises. Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant dans la tasse de l’amertume et de la haine. Nous devons toujours mener notre lutte avec une grande exigence de dignité et de discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications créatrices dégénérer en violence physique. Encore et encore, nous devons nous élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où l’on réfute la force physique avec la force de l’âme.

L’esprit militant, nouveau et merveilleux, qui a pénétré la communauté Noire, ne doit pas nous amener à manquer de confiance en tous les Blancs, parce que beaucoup de nos frères blancs, comme le prouve leur présence ici aujourd’hui, se rendent maintenant compte que leur destinée est liée à notre destinée, et ils sont arrivés à la réalisation que leur liberté est inextricablement liée à notre liberté. Nous ne pouvons pas cheminer seuls. (…)

Nous ne serons jamais satisfaits tant que le Noir sera victime des horreurs indicibles de la brutalité de la police; nous ne serons jamais satisfaits tant que nos corps, lourds de la fatigue du voyage, nous ne pourrons pas obtenir un logement dans les motels de la grand’route et dans les hôtels des villes; nous ne serons pas satisfaits tant que la mobilité essentielle du Noir consistera à aller d’un ghetto plus petit à un autre plus grand; nous ne serons jamais satisfaits tant qu’on dépouillera nos enfants de leur amour-propre et tant qu’on les privera de leur dignité avec des pancartes qui déclarent: “Pour les Blancs Seulement.”

Nous ne serons pas satisfaits tant que le Noir du Missippippi ne pourra pas voter, et le Noir de New York croira qu’il n’a rien en faveur de quoi il peut voter. Non! Non, nous ne sommes pas satisfaits, et nous ne serons pas satisfaits jusqu’à ce que “la justice dévale comme un torrent et le droit comme un fleuve puissant.”

(…)

J’ai tout de même un rêve

“Donc, mes amis aujourd’hui je vous dis que quoique nous devions faire face aux difficultés d’aujourd’hui et de demain, j’ai tout de même un rêve. C’est un rêve qui est profondément enraciné dans le rêve américain. Je rêve qu’un jour cette nation se dressera et fera honneur à la vraie signification de son credo : “Nous tenons ces vérités comme évidentes, que tous les hommes sont créés égaux.”

Je rêve qu’un jour sur les collines rouges de Géorgie, les fils des anciens esclaves et les fils des anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité. Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un état qui étouffe dans la fournaise de l’injustice, qui étouffe dans la fournaise de l’oppression, sera transformé en une oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre jeunes enfants vivront un jour dans une Nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais à la mesure de leur caractère.

J’ai un rêve aujourd’hui ! Je rêve qu’un jour, au fin fond de l’Alabama, avec ses racistes pleins de haine – avec son gouverneur des lèvres de qui dégoulinent les mots de l’interposition et de la nullification – un jour, même là, en Alabama, les petits garçons noirs et les petites filles noires pourront main dans la main avec les petits garçons blancs et les petites filles blanches, comme frères et soeurs.

J’ai un rêve aujourd’hui ! Je rêve qu’un jour, chaque vallée sera rehaussée et chaque colline et chaque montagne sera aplanie, les aspérités seront nivelées et les endroits torteux seront rendus rectilignes, et “la Gloire de Dieu sera révélée et tout ce qui est chair le verra ensemble.”

C’est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud. Avec cette foi nous pourrons tailler dans la montagne du désespoir, la stèle de l’espoir. Avec cette foi, nous pourrons transformer la cacophonie des discordes de notre Nation en une belle symphonie de la fraternité. Avec cette foi, nous pourrons travailler ensemble, prier ensemble, lutter ensemble, aller en prison ensemble, défendre la cause de la liberté ensemble, sachant qu’un jour nous serons libres.

Et ce sera le jour, ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter avec une signification nouvelle: “Ma patrie c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où mes aïeux sont morts, terre fierté du Pélerin; que du versant de chaque montagne retentisse le carillon de la liberté.” Et si le destin de l’Amérique est d’être une grande nation, tout cela doit devenir vrai.

Que la liberté retentisse donc des collines prodigieuses du New Hampshire jusqu’aux imposantes montagnes du New York. Que la liberté retentisse du sommet des majesteuses Alleghenies de Pennsylvanie. Que la liberté retentisse des pics couronnés de neige des Rocheuses du Colorado. Que la liberté retentisse des versants mamelonés de la Californie.

Mais non seulement cela. Que la liberté retentisse du haut de Stone Mountain en Georgie. Que la liberté retentisse du haut de Lookout Mountain au Tennessee. Que la liberté retentisse de chaque colline, et des moindres monticules dans le Mississippi. “Que du versant de chaque montagne retentisse le carillon de la liberté!”

Et quand cela se produira, quand nous permettrons à la liberté de retentir, quand elle retentira dans chaque village, et dans chaque hameau, dans chaque état et dans chaque ville, nous serons à mesure de hâter l’arrivée du jour où tous les enfants de Dieu, noirs et blancs, juifs et non juifs, protestants et catholiques, pourrons chanter en se tenant la main ces mots du vieux Negro Spiritual: “Libres enfin, libres enfin; béni soit le Tout-Puissant, nous sommes libres enfin!”

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