RDC : l’Eglise dénonce la répression sanglante de la marche des catholiques

L’office de jeudi, appris par Jeune Afrique, qui s’est déroulé dans une cathédrale Notre-Dame du Congo pleine à craquer, célébrait la mémoire des “martyrs” du 4 janvier 1959 victimes de l’administration coloniale belge.

L’Eglise catholique de la République démocratique du Congo a poursuivi jeudi 4 janvier ses attaques contre le régime du président Kabila en dénonçant les « brutalités policières » au cours d’une messe à Kinshasa, quatre jours après une marche de catholiques sévèrement réprimée.

Alors que la police congolaise affirme qu’ »aucun mort » n’a été enregistré parmi les manifestants le 31 décembre, une douzaine de personnes ont été tuées selon les organisateurs des marches, et au moins cinq, selon l’ONU.

Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe au premier rang

Officiellement, l’office de jeudi célébrait la mémoire des « martyrs » du 4 janvier 1959 victimes de l’administration coloniale belge, qui avait interdit et réprimé une manifestation, un épisode fondateur de l’indépendance du 30 juin 1960.

En ce jour férié, le cardinal s’exprimait dans une cathédrale Notre-Dame du Congo pleine à craquer, avec au premier rang deux des principaux opposants, Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. Dans l’assistance figuraient également des activistes du mouvement citoyens « Congolais Debout » et des proches des victimes de dimanche dernier.

Très sévère envers le président Joseph Kabila, le cardinal de Kinshasa Laurent Monsengwo a estimé que ces « martyrs de l’indépendance rappellent les morts d’aujourd’hui qui ont subi les brutalités policières ».

Dans un communiqué publié mardi, le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, avait déjà condamné « les agissements de nos prétendus vaillants hommes en uniforme », assurant qu’il était « temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règnent la paix, la justice en RD Congo ».

« Le début de la fin de la dictature »

« Cela doit nous renforcer dans notre conviction que c’est le début de la fin de la dictature dans notre pays. D’autres actions doivent absolument suivre très rapidement », a déclaré après la messe Vital Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale passé à l’opposition.

Le puissant épiscopat congolais avait parrainé fin décembre 2016 un accord majorité-opposition prévoyant des élections en décembre 2017 pour organiser la succession du président Kabila, dont le dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016. Les forces de sécurité ont dispersé dimanche 31 décembre une marche organisée par une « coordination laïque » proche de l’église catholique exigeant le respect de cet accord.

Jeudi, la nonciature apostolique (ambassade du Vatican) a confirmé dans une note le bilan d’au moins cinq morts dont « un fidèle catholique », ainsi que six prêtres arrêtés dimanche. La nonciature a aussi dénombré cinq paroisses où des messes ont été interrompues, et 18 dont les clôtures ont été envahies par les forces de sécurité, sur environ 160 à Kinshasa.

« On s’attendait à une consolation de la part des autorités. Mais on a désinformé pour faire passer notre frère pour un bandit », a déploré devant l’église un proche d’une personne tuée, dimanche, devant l’église Sainte-Alphonse de Matete, dans le sud de Kinshasa.

Le mandat du président Kabila, élu en 2006 et réélu en 2011, a expiré depuis le 20 décembre 2016 et la Constitution ne l’autorise pas à se représenter. Selon le nouveau calendrier électoral entériné début novembre, un scrutin présidentiel doit se tenir le 23 décembre 2018, mais l’opposition exige le départ la mise en place d’une transition sans Kabila.

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