Santé : Connaître le Pied Bot et ses manifestations avec un passionné de la question, Dr Faïçal Oubda

 

Connaissez-vous le Pied-Bot ? Beaucoup répondront par la négation. Plusieurs personnes ont découvert cette maladie à partir du jour où elles se sont retrouvées en face d’une victime. Pour parler de cette maladie, nous avons eu un entretien avec Dr Faïçal Oubda, manager du programme pied-bot logé à l’hôpital schiphra à Ouagadougou. Depuis maintenant six ans, Dr Oubda se consacre au traitement de cette maladie au Burkina Faso.

Dr Faïçal Oubda, manager du programme Pied Bot logé à l’hôpital schiphra

Qu’est ce que le pied bot ?

En terme simple, le pied bot est l’une des malformations congénitales les plus fréquentes qui touche les pieds. En effet, le pied est tourné vers l’intérieur de sorte que quand ce sont les deux pieds qui sont concernés, les orteils se regardent face à face au lieu d’être pointés tout droit. Le talon à partir de l’arrière du bébé est tourné vers l’intérieur également. Une maladie congénitale est une maladie avec laquelle on nait. En ce qui concerne le pied-bot, la malformation commence pendant le développement de la grossesse. A ce jour, le monde scientifique n’a pas encore identifié une cause liée à cette maladie qui est fréquente partout dans le monde à des fréquences et des degrés divers. Cependant, l’on pense qu’il y a peut-être un déterminisme génétique derrière, parce que nous voyons certains cas où il y a déjà eu la présence du pied bot chez les grands parents et qui augmente le risque d’avoir la maladie chez les petits enfants ou dans la descendance.

Docteur Oubda rassure que la bonne nouvelle est qu’il existe un traitement efficace disponible. C’est en 2017 que le programme pied bot voit le jour au Burkina Faso avec pour partenaire d’implémentation, l’hôpital schiphra avec l’appui de l’ONG américain Hope walks.

Pied bot, l’état des lieux au Burkina Faso

« Au Burkina Faso, nous avons pu détecter et soigner gratuitement 900 enfants dans les sept (07) centres de traitement que nous avons », confie Dr Faïçal Oubda. Les sept centres sont repartis dans différentes régions du pays à savoir, la région du centre, la région des Hauts Bassins (CHU Sorou Sanou), la région du Centre-Nord (Centre Morija de Kaya), la région de l’Est (centre espoir de Fada), la région du Centre-Est (CHR de Tenkodogo), la région du Nord (centre médico-chirurgical pédiatrique Persis de Ouahigouya) et la région du Centre-Ouest (clinique Dr Sedgo de Léo). Si le programme est fier du résultat des 900 enfants soignés, il est beaucoup déterminé face au grand défi qu’il faut relever. En effet, sur 806 naissances dans les maternités, il y a un cas de pied bot. Au regard du taux de natalité du pays, l’on se retrouve avec 1000 naissances de pied bot par année avec 500 qui concerne le pied bot unilatéral et l’autre moitié concerne les deux pieds avec 60 à 65% de garçons.

Le programme rencontre des difficultés dans le traitement de la maladie

Le traitement du pied bot se fait par la technique dite de Ponseti qui est à 95% de taux de succès. Selon Dr Faïçal Oubda, il se trouve parfois que certains agents de santé qui n’ont pas reçu de formation sur la technique de Ponseti essayent de traiter le pied bot. Malheureusement, ils ont des résultats très peu satisfaisants. Aussi, la technique de Ponseti s’applique à l’enfant pendant qu’il est encore bébé, alors que ces agents de santé peuvent recommander aux parents de rentrer avec leur bébé et revenir plus tard quand il sera grand dans l’effet de procéder à une intervention chirurgicale. A ces difficultés, l’on peut associer les pesanteurs sociales, le poids de la tradition qui engendre des conflits dans les familles. L’on pourrait compter parmi les difficultés, l’insécurité qui empêche certaines personnes de se rendre dans l’un des sept centres de traitement du pied bot.

Les étapes de traitement du pied bot

C’est la technique de Ponseti qui est appliquée dans le cadre du traitement de cette maladie congénitale. Cette technique a un taux de succès de 95% quand elle est bien suivie. Elle présente deux étapes : l’étape de correction et l’étape de maintien.

Au niveau de l’étape de correction, il y a la manipulation et le plâtrage. Le pied est manipulé dans l’effet de l’amener vers l’extérieur et ensuite mettre un plâtre pour maintenir la correction obtenue après manipulation. Après cette correction obtenue, 90% des cas auront besoin d’une ténotomie. Il s’agit d’une petite intervention chirurgicale sous anesthésie locale lorsqu’il s’agit d’un bébé, afin d’allonger le talon d’Achille qui est court. Ensuite, on rentre dans la deuxième étape dite étape de maintien où l’on utilise les attelles d’adduction du pied. L’enfant porte ces attelles selon un rythme bien défini qui permet de maintenir toute la correction obtenue après le plâtrage et la ténotomie après le port intensif pendant trois mois (23h sur 24h). Après ces trois mois, l’attelle est portée seulement les nuits. L’enfant sera suivi jusqu’à ses cinq ans afin de s’assurer qu’il n’y a plus risque de récidive avant de déclarer l’enfant complètement guéri du pied bot.

Docteur Oubda décline les besoins du programme

Le premier appel de Dr Oubda est à l’endroit des agents de santé et des populations qu’il invite à détecter tout enfant qui naît avec le pied bot congénital. Puis, à l’endroit des décideurs et de toute personne ressource, Dr Oubda invite à détecter rapidement la maladie et soigner les enfants. Le nerf de la guerre fait défaut, surtout que le traitement est entièrement gratuit. le début du traitement jusqu’au rétablissement complet du pied bot chez l’enfant, nécessite la somme de 250 000 FCFA. A cet effet, le Docteur invite les bonnes volontés à sponsoriser le traitement gratuit des enfants. Cela permettra de traiter beaucoup plus d’enfants. En cinq ans, ce sont 900 enfants qui ont reçu le traitement effectif sur 1000 enfants nés du pied bot par ans. C’est donc dire que sur les 5000 naissances, seulement 900 ont été soignées en bonne et due forme. Le prix d’une attelle est négocié à 10 000 FCFA l’unité. Ce matériel fait également défaut et toute contribution est la bienvenue.

La journée du 03 juin, le monde entier commémore la journée mondiale du pied Bot depuis 2012. Ainsi, le programme pied bot logé au sein de l’hôpital schiphra s’offre l’occasion lors de cette journée, pour sensibiliser les populations sur cette maladie qui n’a pas de cause connue formellement identifiée à ce jour.

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