Situation sécuritaire : “C’est la femme qui peut gagner le cœur des terroristes” , dixit Mahamoudou Sawadogo, expert en sécurité

 

Africa peacemaking system en collaboration avec l’association femmes en marche, a animé un panel le samedi 11 juin 2022 au sein de l’université du Faso. Il a été question d’échanger sur l’implication de la femme et de la jeunesse dans la question sécuritaire.

Le Burkina Faso fait face depuis quelques années à l’hydre terroriste qui affecte bon nombre de la population. Les femmes et les jeunes sont les plus touchés par cette dégradation sécuritaire. Face à cette situation, l’Africa peacemaking system et l’association femmes en marche ont tenu un panel autour du thème : « Rôle de la femme et de la jeunesse dans la lutte contre le terrorisme et les idéologies extrémistes ». L’objectif de ce panel est de penser à la contribution des femmes et des jeunes dans cette situation sécuritaire. A travers ce thème principal, les trois panélistes invités ont développé des sous-thèmes comme l’idéologie des groupes armés, les causes et l’impact du terrorisme et des idéologies extrémistes, et la place de la femme dans la situation sécuritaire.

Dans sa présentation de l’état des lieux de la situation sécuritaire au Burkina Faso, Mahamoudou Sawadogo, expert en sécurité, a montré que les groupes armés terroristes conquièrent chaque année une ou deux régions à travers une logique de conquête de sorte à encadrer le territoire burkinabè. Il n’a pas manqué de montrer le rôle du gouvernement dans cette crise. Pour lui, « le rôle du gouvernement, c’est d’abord de sensibiliser les populations, de faire en sorte que les populations se sentent impliquées surtout les populations des zones urbaines se sentent désormais impliquées dans une crise qui est en train de s’étendre vers les zones urbaines. Ensuite prendre ses responsabilités, en engageant les jeunes, en leur donnant la vision et la ligne de conduite », a fait savoir monsieur Sawadogo puis d’ajouter : « Ce qui manque pour le Burkina, c’est la ligne claire sur les stratégies mises par le gouvernement. Il n’y a pas de stratégies, ce qui empêche certains acteurs comme les jeunes qui veulent bien s’engager, à ne pas pouvoir s’engager clairement parce qu’il n’y a pas de ligne directrice pour ces jeunes ».

Dans cette crise sécuritaire, la femme joue un rôle essentiel, a-t-il précisé. « Ici, nous avons à faire à une guerre de stratégie, une guerre des cœurs. Pour gagner le cœur de ces groupes armés terroristes, c’est la femme qui peut  arriver à travers des discours moins radicalisés, un discours de paix, et aussi à travers des sensibilisations surtout l’éducation des jeunes. Ceux qui basculent, ceux qui prennent des armes, c’est des jeunes. Il n’y a rien de tel que la femme pour pouvoir apaiser les cœurs non seulement de leurs maris mais aussi de leurs enfants qui sont en train de basculer ». Le rôle que la femme peut jouer est importante mais beaucoup difficile dans un contexte où elle n’a pas droit à la parole. Mais pour l’expert en sécurité, « dans les zones urbaines les plus touchées par la crise, la femme joue un rôle primordial. Les femmes sont tolérées par les groupes armés terroristes, c’est cette place que la femme doit reprendre. Il y a un bouleversement de la société dans le milieu rural. L’Etat doit mettre l’accent sur la femme en lui facilitant l’accès à l’information, à l’éducation afin qu’elle puisse transmettre ce qu’elle peut mieux faire à ses enfants, la culture de la tolérance, la culture de la paix », a-t-il conseillé.

Selon Apsa Diallo, présidente de l’association Femmes en marche et coordination du projet Foyer Fama, « il s’agit de réfléchir ensemble sur un thème qui nous interpelle tous. Dans notre apport, c’est de réfléchir comment les femmes pourront mieux contribuer à la gestion de cette crise sécuritaire dont nous voyons déjà les effets, les conséquences négatives que ce soit en ville ou certainement aussi dans les villages. Quelle est la place aujourd’hui de la réflexion que les femmes peuvent mener pour arriver en tout cas à apporter leur contribution ? », a-t-elle expliqué sur le but de ce panel. Pour elle, « la femme doit se lever d’abord, elle doit comprendre qu’elle est une actrice et non une spectatrice de ce qui se passe. Elle doit s’organiser que ce soit en communauté, en association, de façon individuelle, c’est prendre conscience même déjà qu’elle a un rôle à jouer. Tant que cette prise de conscience n’est pas effectuée, ce n’est pas évident aujourd’hui qu’on arrive à trouver des solutions. Une fois qu’elles seront organisées, elles vont en tant que cellule, en tant que organisation, pouvoir mettre des stratégies en place notamment des ateliers qui peuvent être de réflexion ou d’action surtout, les amener à contribuer au changement », a-t-elle fait ressortir au cours de sa communication. Elle a ainsi rappelé que les femmes ont un rôle essentiel à jouer en tant qu’actrices dans la gestion surtout de la crise sécuritaire à travers la mise en place des Activités génératrices de revenus (AGR) en se mettant en réseau pour, selon elle, « pouvoir relever le pan de cette crise ».

Hamidou Ilboudo, directeur de la prévention de l’extrémisme violent à la direction générale de la promotion de la cohésion sociale au ministère en charge de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, abordant le sous-thème des causes et impact du terrorisme et des idéologies extrémistes sur le développement intégral de la femme et de la jeunesse, a montré la place que les femmes et les jeunes occupent dans cette crise. « Les femmes et les jeunes sont vraiment un maillon essentiel et ils sont vraiment des vecteurs de cohésion sociale. Donc nous voulons que les jeunes puissent s’engager, contribuer de manière active à la sensibilisation afin que les jeunes qui n’ont pas encore basculé du côté des groupes armés, ne basculent pas et ceux qui sont au niveau des groupes armés aujourd’hui, puissent en sortir », a-t-il dévoilé. « On va mobiliser les jeunes et les femmes à travers leur association et les faitières dans lesquelles ils sont, dans les régions et dans les communes, faire en sorte que les jeunes puissent se retrouver parce qu’aujourd’hui la situation est telle qu’il faut la contribution de toute la communauté pour pouvoir vaincre l’hydre terroriste dans notre pays », a-t-il renchéri.

Ce panel a permis aux différents participants d’être outillés sur le rôle que les femmes et les jeunes peuvent et doivent jouer tout au long de cette crise.

 

 

Soyez le premier à commenter sur "Situation sécuritaire : “C’est la femme qui peut gagner le cœur des terroristes” , dixit Mahamoudou Sawadogo, expert en sécurité"

Laissez un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.


*

4 × 5 =