Cyclisme-Burkina: Dépité par sa situation économique et sociale cet ancien cycliste est prêt à entamer une grève de la faim jusqu’à la mort

Dépité, nerveux et pshychologiquement abattu, c’est l’état dans lequel nous avons accueilli monsieur Bangba Zidouemba, ancien coureur cycliste et champion 2011 du tour du Faso. En situation de domicile sans fixe et tourmenté par son sort, il s’est confié à notre rédaction afin que nous portions loin son message de détresse. Il espère notamment que les autorités sportives lui viennent en aide.

FasoActu: Bonjour monsieur Bangba. Quel est le motif de votre visite.

BZ : Merci à vous de m’accueillir et de me permettre de m’exprimer. En effet ma visite ici n’est pas de gaieté de coeur. Je suis dépité!

Je me présente, moi c’est Bangba Zidouemba. Je suis natif de Boulsa. C’est là-bas que j’ai commencé à faire le vélo. Cette discipline sportive m’a plu. J’ai donc décidé de me lancer. J’ai commencé à prendre part à la compétition de course cycliste organisée par le député Zambendé Sawadogo.

FA: Vous avez remporté le grand prix du Tour du Faso en 2011 ; Expliquez nous?

BZ: En effet, c’est au bout de plusieurs années d’entrainement, d’engagement, que j’ai pu remporter ce prix. Mais j’ai remporté d’autres prix. En 2010 j’ai remporté toutes les étapes et le trophée du tour du Bénin. J’ai aussi remporté des trophées au Togo, remporté le grand prix de l’ASECNA en 2010…

Ce fut des moments forts pour moi parce que je faisais la fierté de mon pays, de mes parents et de mes  connaissances.

FA: Aujourd’hui vous demandez à vous exprimer. A propos de quoi?

BZ: En réalité cela fait maintenant 5 ans que je poursuis certains responsables sportifs afin qu’ils puissent me venir en aide. Personne n’accorde de l’attention à ma situation. Alors, j’ai décidé de me faire entendre. Le 24 novembre 2016 à 6 heures du matin j’ai entamé un “piquet” à la mythique place de la nation. Ce piquet s’est terminé le 26 novembre à 11 heures 20. Je suis resté squatter à cet endroit pour envoyer un message de protestation à nos autorités. L’image que je veux donner c’est celui d’un citoyen burkinabè qui n’a plus de lieu où dormir. Celui d’un champion cycliste qui vit dans l’incertitude avec une femme et 4 enfants, celui d’un jeune optimiste qui s’est vu sombrer petit à petit dans le dénudement moral total. Ailleurs certains se sont sacrifiés par le feu, mais moi ce feu là me consume de l’intérieur.

FA: Vous voulez nous dire que vous dormez dans la rue avec votre famille?

BZ: Ce n’est pas loin de là. Je loge à Nioko I dans une cour qui ne m’appartient pas. La propriétaire de la cour m’a demandé de quitter les lieux. Si elle m’expulse je n’ai pas un autre lieu où dormir.

FA: Vu que vous ne faites plus du cyclisme, vous n’avez pas essayé de chercher un autre emploi?

BZ: Biensûr que j’ai essayé. Je me suis mis dans l’orpaillage mais cela n’a pas marché. Mon entourage ne peut pas m’aider. Beaucoup ne veulent même plus me rencontrer. Je suis à bout de souffle.

FA: Dites nous ce que vous attendez des autorités et quels autorités précisément?

BZ: J’ai essayé de rentrer en contact avec le ministre du sport actuel. Mais j’ai l’impression qu’il est inaccessible. Ce que j’ai demandé c’est tout simplement un coup de pousse. Que le ministre puisse me recevoir pour un entretien. Nous sommes passés par l’insurrection aujourd’hui nous avons un gouvernement du peuple, il ne doit pas être impossible à un citoyen aussi insignifiant que moi de chercher à voir la première personne responsable du sport dans ce pays. Le message que j’ai pour lui est personnel, mais au delà, j’aimerais échanger avec lui sur la réalité des anciens sportifs.

FA: Vous avez squatter à la place de la nation plus de 2 jours sans bouger. Cette action a-t-elle fait réagir les autorités.

BZ: Pas du tout. Je n’ai pas pris des précautions pour informer au préalable les medias que vous êtes. Mais c’est décidé à partir de ce soir vers 17 heures je vais entamer une autre action, la grève de la faim. S’il faut que je meurs, je mourrai. Je mourrai pour ma famille, je mourrai pour ce combat, parce qu’il est juste et parce que les anciennes gloires ont besoin que l’on se préoccupe aussi de leur existence. Cela y va de l’image du Pays. Immaginez vous un instant qu’ à cause de la faim je sois amené à poser des actions non honorables. Je demande que l’on puisse me permettre d’être digne, parce que je ne me sens plus digne. Je suis plus mort que vivant.

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