Partis Sankaristes: La conviction politique fait grandement défaut

Près de 200 partis politiques sont repertoriés au Pays des Hommes intègres, parmi lesquels certains qui se réclament du mouvement Sankariste, du nom de cet illustre président révolutionnaire charismatique. Surfant sur l’héritage politique de ce dernier, les partis politiques de mouvement Sankariste se sont pitoyablement assis sur cet héritage et sont incapables de mobiliser un grand électorat. 30 ans après la mort de Sankara, ces partis ne volent pas haut pendant que les Burkinabè ont toujours en estime l’illustre disparu. Comme quoi le nom de Sankara ne suffit pas à lui seul à mobiliser. Il faut en plus, du leadership et de l’”audacisme” pour ne pas dire du Sankarisme.

Le défunt président de la révolution du 4 août 1983, Isidore Noel Thomas Sankara est devenu après sa mort un enblème politique. Son souvenir reste vif dans la mémoire de nombreuses personnes. Ce jeune capitaine propulsé au faît de la politique, en l’espace de quelques années avait du mérite. Il était convainqu de son combat politique, il l’ a assumé avec ses camarades de lutte dans la dignité et dans le don de sa personne à la cause du peuple. Afin de perpétuer son oeuvre, le mouvement Sankariste a été mis en marche. Sympathisants, fans, et anciens amis se sont sentis concernés au départ. Des politiciens se sont servis de ce créneau pour créer des partis d’obédiences Sankariste, allant même jusqu’à mettre en place le front Sankariste, fait de regroupement de plusieurs partis. Ce regroupement a vite fait de voler en éclat. Avant cet échec, Valère SOME, “la conscience critique du président Sankara”, l’avait prédit. “C’est vrai que dans les discussions pour créer un front sankariste, les comportements, les volte-face, d’un certain nombre de gens, m’ont amené personnellement à me retirer des discussions. Toutes les parties prenantes étaient là quand j’ai donné mon point de vue personnel en disant que c’est un truc qui est voué à l’échec… j’ai donc refusé de m’y associer. Ils se sont efforcé pour que mes prévisions ne se réalisent pas mais hélas, j’ai malheureusement eu raison” avait il déclaré en son temps.

Depuis lors, aucun front n’a pu tenir, si ce n’est que de petites coalitions qui naissent et meurent comme un feu de paille. L’absence de conviction politique est à la base de ces multiples échecs. Sur ce point Valère s’était confié au journalise B.zephirin Kpode qui l’a interviewé. “On a voulu faire de l’héritage de Sankara une affaire de village, voire de famille. Le militantisme de beaucoup de personnes était circonstanciel et nous avons commis l’erreur de leur confier des responsabilités, souvent sur la base familiale. Alors il est tout à fait logique qu’on arrive pas à définir une ligne idéologique parce que certains d’entre nous n’ont jamais soutenu Sankara sur la base d’une conviction politique.”

La conviction politique, elle est très importante lorsque l’on veut réussir en politique. De Gaulle, Miterrand, Sankara, Blaise étaient des obnubilés politiques. Ils ont réussi en politique grâce à leur conviction. Mais lorsqu’on n’a pas la conviction, lorsque celle-ci n’est pas légitime on devient un politicien à la petite semaine. “Le militantisme de beaucoup de personnes était circonstanciel” avait dit Valère. Il va de soit donc que le front ne puisse tenir dans ce cas. Les ego se confrontent, les trahisons se multiplient, les intérêts personnels sont mis en avant et au final, on assiste à des simulacres de luttes teintés de l’image du respectable Thomas Sankara. Thomas Sankara a été tué, mais ceux qui se prétendent comme ses héritiers trainent son nom dans la boue. La boue de la désunion, des mésententes.

L’on se demande quelquefois, le motif qui a bien pu pousser certains à créer et à diriger un parti Sankariste? Après la mort de Sankara, l’émoi était en effet à son comble. L’oeuvre du président devrait se poursuivre d’où l’engagement politique de certains intellectuels stoiques pendant la révolution. L’engagment politique de ces derniers a revigoré l’environnement politique, mais rien de plus. Quelles convictions politiques au juste ont ils. Le peuple n’étant pas dupe, il a préféré ne pas confier la majorité de ses voix à cette classe de politiciens qui n’arrivent même à regarder dans la même direction.

Au demeurant, il devient écoeurant que certains se voient en héritiers de Sankara. Il est un héritage national, il a oeuvré pour la postérité et on le lui reconnait. Qu’il soit une source d’inspiration à la limite, mais se prendre comme son héritier serait purement et simplement de l’usurpation, parce qu’ un héritier politique qui se réclame de Sankara n’a pas besoin de le clamer, cela se remarque dans l’action.

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