« 40 jours après, je sais que c’est fini pour ma femme mais au moins, qu’on rétablisse la vérité afin que l’âme de mon épouse puisse définitivement se reposer » , voici l’ultime souhait de Amado Compaoré, époux de la défunte.

Décédée il y a plus d’un mois maintenant, une question reste posée sur la mort de la députée, membre fondatrice de l’Union pour le progrès et le changement (UPC). Rose Marie Compaoré, est-elle vraiment décédée de la Covid-19 ?

La télévision burkinabè « bf1 » a fait un retour ce lundi 28 avril 2020 sur l’amertume d’une famille, celle de la députée, vice-présidente du parlement burkinabè. Une quarantaine de jours après son décès, la polémique reste intacte. En effet, la Coordination de la riposte à la maladie à coronavirus pense que la députée est décédée de cette maladie, mais la famille de la défunte reste dans le doute car jusque là, aucune preuve de Covid-19 n’a été présentée. Donc, la douleur est double au sein de cette famille.

Dans un reportage-vidéo de Abdourazak Traoré, journaliste de bf1, l’époux de la défunte refuse d’accepter que sa femme est décédée de la Covid-19. « Un accident, une erreur médicale, moi il n’y a pas de problème. Mais le mot covid 19 là, c’est ça qui me traumatise » , a laissé entendre Amado Compaoré.

Arrivée au Chu de Tengandogo le 16 mars 2020, la députée Rose Marie Compaoré est décédée le lendemain 17 mars. Citant alors qu’elle a perdu la vie à cause du coronavirus, pourquoi plus d’un mois après, personne n’a contracté la maladie parmi ses proches ? Ou encore en 24h, comment les médecins ont-ils pu effectuer un test de dépistage ? Tant de questions sans réponse se posent au sein de la famille éplorée.

« Même s’il y a eu test, ils ne peuvent pas avoir les résultats parce qu’à ce qu’on sache, on nous a toujours chanté qu’il faut trois jours. On a suivi des émissions avec des membres du gouvernement qui disent qu’il faut 72h pour avoir des résultats. Ma femme n’a fait que quelques heures, comment ont-ils fait pour détecter qu’elle avait Covid 19 ? Alors qu’à la rentrée, Pr Drabo a confirmé et infirmé qu’ils n’ont pas fait de test de Covid-19 sur mon épouse » , a dévoilé monsieur Compaoré. Donc, le médecin traitant a affirmé ne pas être au courant d’un quelconque test de dépistage lié à la Covid 19.

Cependant, la Coordination de la riposte à la maladie soutient, de l’autre côté, que le décès est dû au coronavirus. La famille décide alors d’aller à la recherche du dossier médical. « Les enfants sont partis pour chercher le dossier médical de leur maman et on leur a dit d’aller en justice. Ils ont même failli venir aux mains, (c’est-à-dire faire palabre). Donc c’est tout ce que je peux dire, comme nous n’avons pas le pouvoir » , un sentiment d’impuissance face aux institutions étatiques, a été exprimé par l’époux de la défunte.

« Je ne peux que me morfondre. Qu’est-ce que je peux faire face à la puissance de l’administration, à la puissance du gouvernement, qu’est-ce que je peux faire ? C’est le gouvernement qui a dit, c’est une conférence gouvernementale qui a annoncé, alors qu’est-ce que je peux faire ? » , s’interroge monsieur Compaoré. Mais la douleur devient extrême et insupportable quand le ministre de la Santé fait cette annonce devant la représentation nationale. « Nous continuons à entretenir des échanges avec la famille. La semaine dernière, les médecins ont encore reçu l’époux pour mieux se comprendre » , a déclaré le ministre.

« Avec le respect que je dois à la représentante du gouvernement, j’ai dit sur place au moment où elle s’adressait à la nation, au peuple burkinabè à l’intérieur comme à l’extérieur, qu’elle était entrain de mentir. Je n’ai jamais été approché, ni rencontré par un envoyé ou un technicien du ministère » , a démenti l’époux de Rose Marie Compaoré. Il faut souligner qu’il en est de même quant à la désinfection du domicile, annoncée plus d’une fois par les autorités sanitaires.

« Ça dépend de ce que vous appelez désinfection. Si c’est le travail physique que je connais, depuis le décès jusqu’à ce jours, (jour du reportage), je n’ai pas vu une équipe technique venir ici pour désinfecter ma cours. Peut-être qu’ils ont désinfecté d’autres cours, mais pas la cours de la défunte. S’il y a eu une équipe qui dit qu’ils sont venus, j’aimerais qu’ils se présentent et qu’ils disent c’est à quel moment et à quelle heure ? C’est la nuit ou c’est par hélicoptère qu’ils ont désinfecté ? » , a encore démenti l’époux.

Une autre information qui trouble le sommeil des proches de la disparue, c’est bien cette autre annonce tendant à dire que Rose Marie Compaoré a été admise à l’hôpital dans un état comateux. « A mentionner que ma femme est arrivée dans un état comateux, c’est archi-faux. Parce qu’une femme qui arrive dans un état comateux et qui arrive à donner de l’argent à son service technique, en tout cas c’est vraiment du jamais vu » , déplore la famille.

Quand le Pr Martial Ouédraogo soutient que ce sont les équipes de riposte à la maladie qui se sont occupées de l’inhumation, monsieur Compaoré se dit scandaliser. Il affirme n’avoir jamais aperçu le personnel soignant lors de l’enterrement. « 40 jours après, je sais que c’est fini pour ma femme mais au moins, qu’on rétablisse la vérité afin que l’âme de mon épouse puisse définitivement se reposer » , voici l’ultime souhait de Amado Compaoré.