Migration Burkina -Côte d’Ivoire : “Les migrations sont faites par les personnes aisées” , dixit Dr Hubert Dabiré

 

En 2020, l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) a lancé les activités pour la collecte des données du projet Migration pour le développement et l’égalité (MIDEQ). Les résultats de cette enquête quantitative ont été présentés ce vendredi 4 mars 2022 à l’Association des journalistes et communicateurs en population et développement (A.J.C.P.D).

La question de la migration a fait l’objet d’une enquête menée par l’Institut supérieur des sciences de la population du 25 octobre au 26 novembre 2020. Cette enquête s’inscrit dans le projet « Migration pour le développement et l’égalité (MIDEQ)». Ce projet est financé par la grande Bretagne.

« Depuis 2005, notre institut a mis au centre de ses préoccupations de recherche, les questions de migration, en créant une unité de recherche intitulée « Mobilité, habitat et environnement ». En effet, l’ISSP est convaincu que les problèmes liés à la mobilité des hommes et des femmes, s’ils ne sont pas connus et maîtrisés, peuvent avoir un impact négatif sur le développement de nos pays », a-t-il laissé entendre le Directeur de l’ISSP, Pr Abdramane Soura puis d’ajouter : « Je me réjouis que le projet MIDEQ ait pu aboutir à des résultats tangibles ». Il a remercié les partenaires comme United Kingdom Research Innovation UKRI et Global Challenges Research Fund pour leur confiance placée à l’ISSP.

L’objectif du projet MIDEQ est de comprendre les relations entre les migrations et les inégalités dans les pays du Sud. Ce projet compte 12 pays formés en 6 corridors de la migration dont le corridor Burkina Faso/Côte d’Ivoire. Cette enquête a porté sur les migrations faites au Burkina Faso en destination de la Côte d’Ivoire. Le public cible a été les ménages à savoir les ménages avec une expérience migratoire en Côte d’Ivoire et les ménages sans expérience migratoire en Côte d’Ivoire. L’enquête a été menée dans quatre régions du Burkina à savoir le Centre-Ouest, le Centre-Est, le Sud-Ouest, le Plateau central et dans les deux grandes villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Au total, 3841 ménages ont été enquêtés.

Pour Docteur Hubert Bonayi Dabiré, Investigateur principal pays, « le travail se fait en couloir et chaque couloir est caractérisé par un type particulier de migrations, pays de départ, pays de destination. C’est juste un projet sur quatre ans », a-t-il laissé entendre. « On essaie de voir comment ces migrations Sud Sud peuvent quand même contribuer à optimiser la participation de la migration au développement. La migration Sud Sud, quantitativement, est de loin les flux les plus importants de la migration dans le monde », a-t-il expliqué. De nos jours, la migration Burkina-Côte d’Ivoire n’est plus en vogue, a confié monsieur Dabiré. « La migration Burkina-Côte d’Ivoire, ce n’est plus l’Eldorado d’actants. Les gens qui reviennent la Côte d’Ivoire ne sont pas forcément les plus favorisés. Aujourd’hui, le couloir Burkina-Côte d’Ivoire n’est plus le seul couloir migratoire. Il y a une diversification qui fait que le couloir Burkina-Côte d’Ivoire n’est plus aussi attrayant, fructueux comme d’actant ». Les migrants burkinabè optent vers d’autres destinations comme l’Italie, le Ghana, le Canada, Les États-Unis et les Pays du Golf.

Ceux qui pratiquaient la migration étaient une source de revenus pour les familles mais de nos jours, cette donnée a changé. « Le fait de migrer ne veut pas dire forcément transfert. Plus de la moitié des migrants en Côte d’Ivoire ne transfèrent plus. De plus en plus, il y a des transferts des burkinabè vers la Côte d’Ivoire. Il y a des gens qui sont venus, qui ont laissé leurs parents là-bas. Ils trouvent du travail ici et ils transfèrent de l’argent en Côte d’Ivoire. Ce sont les nouvelles tendances qui se dessinent », a-t-il fait savoir. L’aspect des parents qui migrent et qui laissent leurs enfants au Burkina Faso, a été évoqué et pour monsieur Dabiré, « on a vu qu’il y a pas mal d’enfants dont un des parents est parti et que l’enfant est là. On a vu les conditions dans lesquelles sont ces enfants. Ces enfants ont beaucoup plus de chance d’aller à l’école mais la continuité à l’école pose problème parce que le parent n’est pas là pour suivre. Très souvent, on observe des interruptions par rapport aux autres enfants », a-t-il expliqué.

En 2013, la BCEAO a fait une étude sur l’importance du flux financier des migrations entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. « La migration en Côte d’Ivoire a été un support très important pour les ménages en milieu rural car les migrants transféraient l’argent. Ils aidaient à surmonter les crises alimentaires. La migration entre le Burkina vers la Côte d’Ivoire a été à un moment donné, un souffle pour les ménages ».

Trois thématiques importantes ont été abordées dans ce projet. Il s’agit notamment du WP2 qui a vu l’analyse des inégalités dans l’enfance liées aux migrations, le WP3 qui a concerné la migration, la pauvreté et les inégalités de revenus et le WP6 qui s’est basé sur la migration et transfert de fonds. La présentation de cette étude a permis d’avoir un aperçu sur la migration Sud-Sud notamment la migration du Burkina Faso en destination de la Côte d’Ivoire. De nos jours, la Côte d’Ivoire n’est plus une destination prisée par les Burkinabè, et la plupart des migrations est faite par des personnes aisées pour des raisons d’étude, de travail…

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