Musique : Dozoss, ambassadeur du Tianhoun qu’est son instrument de musique

 

Dozoss est un artiste qui valorise la culture burkinabè dans sa diversité. C’est un artiste musicien évoluant dans un style tradi-moderne. Il met l’accent sur un instrument particulier à savoir, le “Tianhoun“ qu’il valorise dans toutes ses chansons. Après son premier album intitulé “En attendant la femme du Sud”, en 2012, Dozoss a signé son deuxième album appelé “Terre de nos pères“ en 2022. Nous avons reçu l’artiste dans nos locaux à Koulouba pour parler de l’album et son actualité.

Bazinkou Flow est le style musical qu’a créé l’artiste Dozoss. Du pur Rap plus traditionnel que moderne, engagé et qui promeut le culturel en mettant en avant le tianhoun. La spécialité, cet artiste réussit facilement un live avec le tianhoun, un instrument de musique Bwa.

Le deuxième album de Dozoss va bien

« Terre de nos pères“ se porte bien. Bien parce qu’il a été bien accueilli par les mélomanes surtout l’originalité et certains messages que nous diffusons », a rassuré Dozoss. Cette tribune lui a offert l’occasion de dévoiler les difficultés auxquelles fait face, un bon nombre d’artistes qui évoluent dans l’autoproduction. C’est connu de tous ! L’autoproduction empêche certains artistes d’aller à la conquête du monde. Selon l’artiste, l’autoproduction limite les moyens de production.

Une invite aux rappeurs à plus d’engagement

Dozoss pense que les artistes ont un rôle important à jouer dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. D’ailleurs, la région de la Boucle du Mouhoun où habite l’artiste, fait partie des localités en forts défis sécuritaires. Il n’est donc pas indifférent face à tous ses déplacés internes accueillis dans la ville de Dédougou. « L’artiste est ce voyant qui guide toujours son frère aveugle. Notre rôle, c’est de dégager les thématiques sensibles, sensibiliser et montrer aux gens que nous pouvons vivre dans la cohésion. L’artiste doit être au-dessus de la mêlée », a déclaré Dozoss tout en interpellant les rappeurs dans leur style musical qu’il estime d’être une musique de conscience à la base : « Le Rap n’a jamais été une musique de divertissement au début. C’était une arme pour s’exprimer et dénoncer. Aujourd’hui, beaucoup s’enlisent dans le rap bling-bling. Ce n’est pas mal mais il y a carrément un déphasage entre ce que des artistes chantent et ce que les populations vivent. Quand j’écoute quelqu’un qui chante ses richesses matérielles et que j’interroge un de mes villages, je me rends compte que les enfants ne partent plus à l’école, qu’ils ont des difficultés pour manger. Que les populations sont des déplacés qui n’ont plus de champs pour cultiver, où dormir et même de quoi se soigner. Alors notre rôle, c’est d’interpeller qui de droit pour que la paix revienne. Divertir comme le disait Victor Hugo, et emmener les uns et les autres dans le progrès ; faire de l’art, une chose meilleure », a-t-il indiqué. L’auteur de “Terre de nos Pères“ invite les artistes chanteurs, surtout ceux qui font dans le Rap à plus d’engagement dans la musique.

Le Tianhoun, secret de la particularité de Dozoss

Dozoss, ce n’est jamais sans son instrument de musique, le Tianhoun. Cet instrument est l’acolyte de l’artiste depuis le début de sa carrière. « Le tianhoun est un instrument que l’on retrouve dans la communauté Bwa dans la Boucle du Mouhoun, les Balé et les Banwa. Il est fabriqué et joué par des nobles. Même si un griot sait fabriquer le tianhoun, il ne le fait pas parce que l’instrument appartient aux nobles (faisant allusion à la division des classes sociales) », a expliqué celui que nous appelons l’ambassadeur du Tianhoun, Dozoss. Il a fait savoir dans la même lancée, comment est fabriqué le tianhoun. « Le tianhoun est fait en tige de paille sauvage, du bambou, des fibres de Néré et du fil de coton. Il est composé de onze (11) bâtonnets et pour d’autres, vingt-deux. Ce sont des pailles que l’on met ensemble en faisant ressortir des cordes par le haut, qu’on essaye de rebander par les fils du Néré. C’est en fonction des bandages que l’on retrouve les notes qu’on va accorder avec de petits fils qu’on met juste en haut. Ce sont les bambous qui permettent d’attraper les différents bâtonnets et solidifier par les fils. Pour jouer le tianhoun, vous avez à droite, les accompagnements (six notes) et à gauche la basse (cinq notes) ». Dans les villages de Massala, Bekuy, Koumbia, Bagassi… on retrouve de bons joueurs de cet instrument de musique. En Bwamou, il n’y a pas de demi ton. Que des notes pleines. Le tianhoun est joué dans toutes les activités festives (mariage, travaux champêtres…). L’artiste Dozoss n’a pas manqué de saluer l’excellent travail des musiciens qui ont travaillé dans la promotion du tianhoun. Bakary Dembélé, Akarafa, Wilo sont ceux que l’artiste cite comme des devanciers et des enseignants de la chose.

L’instrument n’a pas d’interdit, ce n’est pas un fétiche comme le peut penser beaucoup. Cependant, dans la communauté Bwa, il y a ceux dont le nom de famille est Tianhoun. Ainsi, il ne faut pas entrer dans une telle cour familiale avec l’instrument parce que c’est un totem pour eux.

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