An III de l’insurrection populaire: « Présentement je ne vois pas quelque chose de grand changé, nos frères sont morts et je peux dire qu’ils sont morts pour rien » dixit un citoyen de Dédougou.

Le Burkina a commémoré  l’an 3 de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. A cet effet, nous avons tendu notre micro a quelques citoyens de Dédougou afin  qu’ils apprécient l’après insurrection.  Si  pour certains, 3 ans après l’insurrection il y a que déception car les lignes n’ont pas bougés, d’autres  disent avoir foi en la justice même si elle traine sur les dossiers. Lisez plutôt!

 

  Joachin Samé: instituteur

Ce qu’on peut dire, la commémoration c’est un devoir de mémoire que nous avons envers ces fils et filles de notre pays qui sont tombés pour la cause du pays. Aujourd’hui tout le monde parle de la  justice. Il faut que justice soit faite et on sait que tôt ou tard, cette justice sera faite et on y croit. Je me dis que si les choses continues comme je le pense, ça doit pouvoir aller. Pour le moment tout n’est pas encore bon mais on se dit qu’après chaque pas, on ne fait qu’améliorer la situation. En ce sens qu’aujourd’hui, nous sommes dans un système qui est en plein apprentissage sur le chemin de la vrai démocratie. Selon moi, ce que nous voulons arrivera tôt ou tard. J’ai foi en l’avenir puisque le peuple burkinabé s’est réveillé. Ce n’est plus ce peuple de 1987 qui a tout accepté. C’est un autre peuple et «  aujourd’hui on peut dire qu’on n’est pas un peuple mouton. Nous sommes un peuple de tigre et on est prêt a bondir pour que les choses puissent marcher   »

   Ismael Kondonbo:  professeur de philosophie

Il y a 3 ans que l’insurrection s’est passée. Le peuple s’est levé à un moment parce qu’il n’était pas d’accord avec ce qui se passait. On a décidé à ce que les dirigeants qui étaient là, qui nous arrangeaient pas partent  et ils sont partis. Ce que nous constatons aujourd’hui, nous voyons que la démocratie n’existe pas réellement. Nous ne croyons plus que c’était juste pour l’alternance en changeant les personnes qui gouvernaient en ce moment là, qui peut amener la vraie démocratie dans notre pays. Ils  sont partis mais si ceux qui sont venus ne peuvent pas nous aider à quitter les même pratiques anciennes qui nous étaient défavorables, alors on est un peu désolé. C’est très compliqué la gestion du pouvoir mais quand la volonté y ait, je crois  qu’on peut mieux faire. « Présentement je ne vois pas quelque chose de grand changé. Nos frères sont morts et je peux dire qu’ils sont morts pour rien ». Justice n’a pas été rendue mais vous savez que le temps de la justice n’est pas le temps ordinaire. Peut être que les choses sont entrains de suivre leur cours.

   Didier Vimboué : particulier

C’est avec beaucoup de déception que je vois cela. C’est comme si on a fait l’insurrection pour rien. Surtout que les dossiers en justice n’ont même pas bougé d’un iota, donc c’est trop de déception surtout pour les parents des victimes qui attendaient la justice. On est  encore loin de la vérité. S’il y avait eu des procès, cela pouvait permettre aux familles de faire leur deuil mais c’est un peu compliqué. Je pense que le problème est d’ordre judiciaire et politique parce qu’il faut une volonté politique pour faire bouger les choses. Si le gouvernement ne donne pas les moyens à la justice de faire la lumière des choses, quelque soit la volonté de la justice ça ne peut pas bouger. Pour les blessés qui sont toujours convalescents, il faut que les autorités  aient  le courage de débourser des sommes pour soigner ces gens parce que c’était un combat populaire. « Les balles n’étaient pas destinées à un clan. N’importe qui pouvait recevoir ces balles puisse que l’insurrection était un intérêt populaire.

 

Anonyme :

Pour moi, c’est une chose qui est déjà faite. L’essentiel, c’est de pouvoir mieux se positionner à l’avenir sans aucun regret après. Pour les martyrs, nous les portons et les porteront toujours dans nos cœurs.  A l’endroit du peuple, je pense qu’il faut songer à oublier et pardonner, mais cela ne veut pas dire qu’on a oublié ce qui s’est passé non! C’est de surmonter ces épreuves et voir l’avenir devant nous, pour mieux se propulser.

Charles Le Bon

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